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sont amenées, grâce aux travaux du peuple chez lequel on les cultive. Plus il y a de travail appliqué de la sorte, plus augmente partout la somme de temps et de travail qui se peut donner à utiliser les pouvoirs de la terre et à augmenter la quantité d’objets qui demandent à être convertis. « Par toute l’Allemagne, » dit le docteur Shubert, « on prend un intérêt tout particulier et croissant à l’agriculture, à l’élève du bétail ; et si dans quelques localités, en raison de circonstances spéciales ou d’un degré inférieur d’intelligence, certaines branches de la science sont moins développées que dans d’autres, on ne peut nier cependant qu’un progrès à peu près universel s’est accompli dans la culture de la terre et l’élève du bétail. Personne ne pourrait, comme il y a trente ans, dire encore que le système d’agriculture en Prusse se borne à l’assolement triennal, ni que la bonne culture ne se trouve que dans de rares localités : aujourd’hui il n’est pas de district, en Prusse, où l’intelligence, l’énergie persévérante et un emploi non avare du capital n’aient immensément amélioré une partie considérable du sol, pour l’approprier à l’agriculture et à l’élève du bétail[1]. »

La science, dit M. Kay, est partout « la bienvenue. » — « Chaque petit fermier, ajoute-t-il, est si jaloux de rivaliser et de surpasser ses voisins, que toute invention nouvelle qui donne profit à l’un

  1. Handbuch der Allgemeinen Staatskunde. Vol. II, p. 5. (Cité par Kay.)
      En parlant de cette partie de l’Allemagne qui borde le Rhin et le Neckar, le professeur Rau, de Heidelberg, s’exprime ainsi : — Le voyageur qui traverse le pays même àla hâte, admire avec plaisir la végétation luxuriante des champs, les vergers et les vignes qui couvrent les collines, l’étendue des villages, la largeur de leurs rues, l’élégance de leurs bâtiments officiels, la propreté, le bon aspect des maisons, les bons vêtements du peuple aux jours de fête, enfin les preuves universelles d’une prospérité engendrée par l’industrie et l’habileté et qui a survécu à tous les changements politiques des temps… Il est aisé de voir que le paysan de cette contrée comprend sa profession. Il peut donner la raison d’un insuccès dans ses opérations, il connaît et énumère fort bien ses ressources pécuniaires, il arrange son choix de fruits, suivant leurs prix, il fait ses calculs d’après les signes généraux et les nouvelles de la saison. » Landwirthshaft der Rheinpfalz.
      Le peuple de ce pays, « n’a pour professeur que l’expérience, dit M. Kay et il ajoute : « — Que le touriste cause sur ce sujet avec ces hommes en blouse et en grosses guêtres, il sera surpris de la masse de connaissances pratiques qu’ils possèdent, et de la prudence et aussi de la sagacité avec laquelle ils étudient ces avantages. De tout cela il peut être assuré qu’à partir des hauteurs de l’Eifel, où la culture villageoise prend un caractère individuel et tout local, on lui donnera bonne raison de la manière dont chaque pouce de terrain est cultivé et pour chaque herbe, racine ou arbre qui le couvre. » Social Condition, etc., vol. I, p. 130.