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sée de cet amour ; mais ce qui est étrange, c’est que j’aie pu le faire après avoir compris ce qui précède ; et pourtant ce stupide désir persista. Le dessein de César et de tous ces grands hommes fut sot ; mon désir de gloire parmi tant d’adversités et d’obstacles fut non seulement sot, mais insensé. Je n’ai pourtant jamais désiré la réputation ni les honneurs, bien plus, je les ai méprisés : je voudrais que l’on sût que j’existe, mais non que l’on me connût tel que je suis. Pour ce qui est de la postérité, je sais combien les choses en sont cachées et combien peu nous pouvons prévoir. Aussi, autant qu’il fut possible, ai-je vécu pour moi-même et, dans l’espoir de l’avenir, j’ai méprisé le présent. Donc, s’il peut y avoir une excuse à mon dessein, ce serait que, pendant un certain temps, mon nom survécût, de quelle façon que ce pût être. Cela paraît honorable même si mon espoir me déçoit. Du moment que ce désir est naturel, il est digne de louange.