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bonheur est actuel ; il est passager et semble être quelque chose quoiqu’il ne soit rien ; la preuve en est que, du consentement (306) des philosophes, le bonheur n’est rien que le défaut de souffrance. Deuxième degré, le bonheur vient de passer et il en subsiste les conséquences et les effets de sorte qu’il paraît présent. Troisième degré, quand le temps s’est écoulé le souvenir persiste encore, mais comme une ombre qui n’a plus aucune substance. Quatrième degré, il ne reste aucune trace des événements heureux, ils sont devenus comme les accidents de chaque jour dont le souvenir même disparaît ; et, quand même nous en garderions la mémoire, elle ne s’accompagnerait d’aucun sentiment. D’où il résulte évidemment qu’il suffit de passer notre vie sans trop grands malheurs.