I
PATRIE ET ANCÊTRES
(4) Ma patrie est Milan : le bourg d’où est sortie la famille des Cardan est à vingt-quatre milles de cette ville et à un seulement de Gallarate. Mon père était Fazio, jurisconsulte ; mon grand-père Antonio, mon bisaïeul un autre Fazio et mon aïeul Aldo. Fazio I eut pour fils Giovanni, Aldo II et Antonio mon grand-père. Antonio eut Gottardo, Paolo qui fut jurisconsulte et évêque, Fazio mon père[1] et un bâtard nommé lui aussi Paolo. De la même souche vivent encore une trentaine de mes parents. Que la famille des Cardan soit autonome ou que, comme d’aucuns le pensent, elle ne constitue qu’une branche de celle des Castiglione, il est certain qu’elle est noble et ancienne. À partir de 1189, (5) Milone Cardano gouverna notre ville pour les affaires sacrées comme pour les profanes pendant quatre-vingt-douze mois. Il ne jugeait pas seulement les causes civiles, mais aussi, comme les autres princes, les affaires capitales. Il avait les mêmes prérogatives dans les autres villes soumises à la même autorité et dans toute la province, entre autres à Côme. Ce pouvoir avait été confié à Milone par l’archevêque Crivelli lorsqu’il devint pape sous le nom d’Urbain III. Quelques-uns voudraient rapporter à notre famille Francesco Cardano, chef de la milice de Matteo Visconti. Mais si nous faisons partie des Castiglione, nous sommes encore plus nobles, puisque le Souverain Pontife Célestin IV était issu de cette famille.
Nos ancêtres vécurent très vieux : les fils de Fazio I atteignirent respectivement 94, 88 et 86 ans. Giovanni eut deux fils : Antonio qui vécut 88 ans et Angelo qui parvint à 96 ans et que, enfant, je connus décrépit. Le fils unique d’Aldo, Giacomo, dépassa 72 ans ; mon oncle Gottardo, que j’ai connu, vécut 84 ans et mon père 80. Du reste, Angelo eut vers 80 ans des enfants à l’air vieillot en naissant (l’un d’eux pourtant vit encore (6) à plus de 70 ans) et, passé 80 ans, il recouvra la
- ↑ Fazio naquit le 16 juin 1445 (Liber de exemplis C. Geniturarum, V, 460.)
