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plication mais une constatation, comme dans cette proposition : « L’angle extérieur est égal à la somme de deux angles intérieurs adjacents ». Donc cette démonstration n’est de mise que dans la philosophie naturelle ou divine ; quant à la mathématique elle n’est presque faite que de déductions. Quoique cela paraisse difficile à admettre, c’est pourtant vrai. La connaissance de ce fait est la raison pour laquelle je puis construire une démonstration, résoudre des problèmes et comprendre les langues, quoique je ne sache pas les parler, de sorte que les solutions se présentent à mon esprit sans même que j’y réfléchisse. L’amplification (269) et la splendeur, je les ai reçues partie par l’exercice, partie par le secours de mon Génie ; je me suis appliqué à la splendeur plus que quarante ans avant de l’obtenir ; tout l’art d’écrire et celui d’improviser les leçons, je les tiens de mon esprit familier et de la splendeur. Mais ce genre de science m’a procuré jusqu’ici auprès des hommes plus d’envie que de réputation, plus de gloire que de profit. Il m’a plutôt fourni un plaisir qui n’est ni médiocre ni commun, les moyens de prolonger ma vie, une consolation dans tous mes malheurs, un secours dans l’adversité, une récompense dans mes peines et mes travaux ; il embrasse toute la part féconde du savoir, qui est plus grande que les autres, et il est nécessaire pour achever et pour orner toutes les connaissances. Dans l’ensemble les faits sont ainsi. Je peux me tromper sur les causes et je m’en remets aux plus savants que moi, je veux dire aux théologiens.