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tracas, je publiai pour la première fois les livres De consolatione, j’y ajoutai ensuite le traité De sapientia pour le faire réimprimer en 1543. Entre temps j’écrivis de nombreux opuscules qui sont partie publiés, partie inédits, et tous les livres de médecine, dont quatre ont paru : Aphorismorum [Hippocratis Commentaria], De alimento, De aere, aquis et locis, et Prognostica. Il est resté en manuscrit jusqu’ici les deux livres des Floridi, les commentaires sur l’Ars medendi de Galien, le premier et le second livre des commentaires sur De epidemia d’Hippocrate. Lorsque j’arrivai à Bologne, je fis paraître mon traité De somniis, qui sera assurément utile aux gens raisonnables, mais peut-être mauvais pour la foule grossière. Mais qu’est-ce qui n’est pas nuisible, si on s’en sert mal ou inconsidérément ? Les chevaux, les épées, les armes, (248) les forteresses sont, entre les mains des méchants, des instruments affreux, pour les gens de bien, ce sont des choses moins commodes que nécessaires. Il est assez difficile de distinguer les livres utiles et les inutiles, pour qu’on doive établir un troisième groupe dont la lecture serait réservée aux seuls doctes. J’ai rédigé une Dialectique pour enseigner à construire ces figures naturelles, mais à peine vraisemblables, puis je fus si charmé de mon œuvre que, de joie, je la publiai ; mais elle n’est ni complète, ni exempte de fautes. J’ai donné l’Ars medendi parva dans l’intérêt du public, quand je me suis aperçu que mes autres traités ne verraient le jour que trop lentement. J’ai écrit le livre De immortalitate animi[1] plutôt pour étudier la question que pour la trancher, et, puisqu’il n’est pas suffisant pour la grandeur du sujet, le second livre des Hyperborea le remplacera. Des dialogues, j’en ai composé un pour soulager le malheur dont j’étais écrasé, l’autre pour confondre la démence des hommes, de façon à satisfaire à quatre tendances contraires : la douleur et un plaisir extravagant, une sotte passion et la crainte. Le Proxeneta naquit d’un élan de ma volonté : le Memoriale rappelle une science où j’ai excellé. Les quatre Promptuaires ramassent en peu d’espace les fleurs et les fruits de tout l’art médical : ils sont tels qu’après les avoir étudiés tu n’auras besoin d’aucun autre [livre], mais si tu n’as pas commencé (249) tes études par eux tu peux considérer que rien n’est fait. Les commentaires sur les livres [d’Hippocrate] De victu in acutis fondent sur une doctrine solide la conduite à tenir à l’égard des malades atteints d’affections aiguës, qui peuvent être sauvés : c’est une catégorie de maladies que j’ai soignées, je l’ai déjà

  1. À l’appui de l’accusation d’athéisme, souvent portée contre Cardan après sa mort, on a affirmé qu’il avait écrit un traité De mortalitate animi, mais il ne semble pas que personne ait jamais vu ce livre.