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est la meilleure vie et comment elle peut se concilier avec l’égalité ; j’ai établi qu’il y a trois règnes ; que, dans le règne humain, il est bien souvent meilleur de ne pas savoir ce qui est bien ou mal, si on ne sait le degré du bien ou du mal ; que, pour les autres règnes, il en va différemment, même en ce qui concerne le bonheur dans chacun d’eux ; qu’il importe d’acquérir la connaissance des hommes d’abord en général, puis d’après les divers peuples et les autres caractères distinctifs, enfin la connaissance particulière de l’un ou de l’autre individuellement.

Dans l’art médical, j’ai établi la véritable règle des jours critiques ; j’ai indiqué le traitement de la podagre et celui de la fièvre pestilente ; les transmutations multiples en huile ; la méthode pour faire des purgatifs en partant de médicaments non purgatifs ; les propriétés des eaux spéciales ; l’art aussi varié qu’utile de cuire les aliments ; la transformation de médicaments dangereux ou répugnants en médicaments utiles et d’emploi facile ou agréable ; les remèdes qui guérissent l’hydropique et le fortifient, assez pour qu’il puisse le même jour aller par la ville ; j’ai montré aussi comment le traitement d’un membre malade permet de parvenir à la connaissance et à la guérison des maladies d’une autre partie du corps, et comment (239) dans la lecture trois ou quatre fois répétée d’un seul livre [de médecine] on peut trouver la connaissance de diverses maladies et des soins qu’elles exigent. J’ai remis en pratique la vraie méthode d’opérer les hernies, dont nous avions à peine des traces et des ombres de connaissances. J’ai écrit une interprétation des livres les plus difficiles d’Hippocrate, surtout des authentique, mais elle n’est pas achevée le jour où j’écris ceci, le 1er décembre 1575. En outre j’ai largement traité du mal français, j’ai fait de nombreuses expériences dans les maladies les plus difficiles, l’épilepsie, la folie, la cécité, d’autres sur un petit nombre de malades comme l’emploi du crin de cheval dans l’hydropisie, d’autres encore dans les squirres, les prurits dans la miction, les affections articulaires, plusieurs autres dans les calculs rénaux, la colique et les hémorrhoïdes, et d’autres enfin au nombre d’environ cinq mille. Je laisserai de côté quarante mille questions ou problèmes résolus et deux cent mille de moindre importance, ce qui fut cause que cette lumière de notre patrie[1] m’appelait l’homme des inventions.


  1. André Alciat.