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avait été réduit dans cet état par un philtre. Je me chargeai de le soigner et, en quatre jours, je lui rendis les sens (202) et la parole ; il me fallut encore dix ou douze jours pour le guérir parfaitement, et je crois qu’il vit encore. Les autres médecins souffraient avec peine que je ne voulusse pas donner d’explications ou de conseils.

22. — Que dirai-je d’Agnese, femme de Claudio, marchand français de notre ville[1], laissée pour morte par les premiers médecins ? Ils avaient bien raison, car je n’ai jamais eu plus de peine pour guérir un malade, quoique j’en aie vu beaucoup bien près de mourir.

23. — Je rappelle ce que j’ai ailleurs signalé d’une façon générale sur les aliénés, les épileptiques, sur quelques aveugles guéris, sur les hydropiques, les bossus, les estropiés, les boiteux dont l’état a été amélioré ;

24. — Les fils d’un charpentier près de Porta Tosa ;

25. ― La guérison presque miraculeuse de Lorenzo Gaddi ;

26. — Celle de l’ambassadeur du prince de Mantoue ;

27. — La cure remarquable de Juarez, espagnol distingué, et de tous ces gens-là.

28. — Que dirai-je de Simone Lanza ; 29. — de Marescalchi ; 30. — de la fille de Giovanni Angiolo Linati ; 31. — d’Antonio Scazzoso ; 32. — enfin du cas merveilleux du fils du marchand (203) Martino ; 33. — de la femme du pharmacien des « Trois rois » ; 34. — de ceux que j’ai guéris de douleurs invétérées ; 35. — d’hématurie. 36. — De la fièvre quarte double, il n’est personne que je n’aie guéri. 37. — Je sauvai du poison tous les enfants de Sirtori, quoique on m’eût appelé tardivement ; mais les parents moururent tous deux. 38. — Je mentionnerai aussi l’hydropisie du boulanger Agostino ; 39. — ma dispute avec Cavenago et Candiano dans la cure d’Ottaviano Mariani, qui prouva que mon bonheur dans les guérisons n’était pas diminué. Et j’omets une quantité incroyable d’exemples.

40. — Le cas d’Antonio Maioraggio fut malheureux ; mais par contre je n’ai jamais eu de déboires dans le traitement de la fièvre, de la peste, de la podagre. Cela faisait dire aux médecins milanais que le mérite n’en revenait pas à l’excellence de mon art mais à mon heureuse fortune : ceux qui devaient mourir tombaient entre leurs mains, ceux qui devaient être sauvés entre les miennes.

  1. Atque hic solus mercator Gallus in urbe nostra remansit. De libris propriis (I, 84).