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leur vie en voyages, Galien vingt ans entiers, Hasen toute son existence ; Aetius fut occupé par son évêché, Oribase proscrit dans le Pont, Paul [d’Égine] un vagabond.

(200) 17. — Mais laissons cela et racontons le cas de Giulio Ringhieri, un jeune gentilhomme qui habitait dans la via San Donato près de l’église de San Giacomo à Bologne. Il était au lit depuis plus de quarante jours, avec une fièvre très forte et un dangereux phlegmon ; il avait perdu connaissance et avait reçu les derniers sacrements, quand, le 27 juin 1567, je le guéris.

18. — Que dire d’Annibale Ariosto, jeune homme noble et riche, qui souffrait d’un abcès fistulisé à la poitrine. Il dépérissait ; la fièvre hectique s’ajoutait à une émission de deux livres de pus par jour, et il ne pouvait dormir. Les médecins l’avaient abandonné comme phtisique, avec tout le poumon gâté, et absolument inguérissable. Ils l’avaient isolé de peur que les quatre petits enfants du juge Michelangiolo Torrone ne fussent infectés. En trente jours je le guéris complètement de ses maux externes et internes, et je lui rendis un embonpoint et un teint qui faisaient l’admiration de toute la ville. En cinq cents ans Bologne n’avait peut-être rien vu de pareil à ces deux miracles.

(201) 19-20. — Ce fut encore bien mieux pour deux jeunes gens, Leonardo et Giambattista, qui habitaient à la Porte de Modène dans deux maisons contiguës. Atteints de diarrhée accompagnée de fièvre, ils avaient été abandonnés comme morts. Bien qu’ils n’eussent ni toux ni difficulté de respirer et que le onzième jour de la maladie fût déjà passé, je compris qu’ils souffraient d’un abcès suppuré au poumon et je prédis que seule l’expectoration du pus les guérirait. À l’étonnement des autres médecins et des parents, c’est ce qui arriva dans les vingt-cinq jours du début de la maladie. Après avoir craché environ une livre de pus sans mélange, ils furent rétablis en quatre ou cinq jours.

21. — Dans le même quartier habitait un jeune homme, Marcantonio Felicini, d’une très ancienne famille et, à ce que j’apprends, neveu d’un sénateur noble. Une longue maladie l’avait privé de la parole. En proie à une fièvre continuelle, il ne comprenait plus rien, était devenu muet, était tombé dans une faiblesse mortelle et avait été abandonné des médecins, qui avouaient ne pas comprendre une maladie comme ils n’en avaient jamais vue. Certains disaient qu’il