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d’or dont quatorze cents parvinrent entre mes mains.

3. — Dans ma patrie, j’ai guéri en six mois d’une lèpre de deux ans Francesco Gaddi, prieur des chanoines de Sant’ Agostino. Mais celui-ci et le précédent (ô (194) misérable destinée des hommes !) ne furent guéris que pour périr de mort violente une dizaine d’années plus tard dans les luttes des factions[1].

4. — Marta Motta fut guérie en deux ans, après être restée treize ans clouée sur une chaise sans pouvoir marcher. Tandis que les deux précédents moururent de mort violente environ dix ans après leur guérison, celle-ci, quand j’ai quitté ma patrie, survivait depuis vingt-trois ans. À la vérité elle a, toute sa vie, marché courbée.

5. — Giulio Gatti, guéri de la phtisie, devint, peu après, précepteur du jeune prince de Mantoue.

6. ― J’ai guéri de la fièvre hectique Gian Maria Astolfi ;

7. — D’un empyème Adriano le Belge qui par la suite me témoigna une reconnaissance admirable et une amitié que je n’ai jamais trouvées chez un Italien ;

8. — Ensuite Gian Paolo Negroli, marchand bien connu dans toute la ville, qui, après avoir pendant deux ans fait l’épreuve des soins des plus grands médecins, avait été abandonné comme phtisique ; lui aussi devint pour moi un grand ami.

(195) 9. — J’ai guéri l’aubergiste Gaspare Rolla, transformé depuis un an en un bloc de pierre vivant, et qui était absolument et pour toujours immobile ; il garda le cou tordu de côté.

10. — Que dire de ceci : il n’est mort aucun des malades que j’ai traités pour des fièvres, et à peine un sur trois cents pour les autres maladies. On en trouve la preuve parmi les actes de décès dans les livres des Magistrats de la Santé, dont la pratique et la fonction sont bien connues de tous les citoyens. Aussi, puisqu’il ne serait pas facile de faire la même démonstration, je ne crois ni bienséant ni utile d’apporter des témoignages pour d’autres villes, ni de me vanter ; — d’ailleurs les médecins s’en préoccupent peu.

11. — Je fus aussi appelé de l’Université de Pavie auprès du duc de Suessa qui me donna à cette occasion mille écus d’or et me fit un présent d’étoffes de soie ;

12. — Pareillement, de Bologne à Modène auprès du cardinal Morone de qui je dus accepter malgré moi des honoraires, car j’avais conscience de lui être redevable de bien davantage. Dans ces deux cas, il est vrai, je fus assisté par deux confrères distingués, mais je

  1. Exempl. C. Genitur., no 81 (V, 495) : in annis 52 (en 1542, puisqu’il était né le 22 mars 1490) captus est a suis et ad perpetuos carceres damnatus in quibus etiam nunc est. Dans De libris propriis (I, 107) il rectifie : coniectus in carcerem, misere uitam ibi… finiuit : nam per quindecim dies profundissima gorgyne fuit ut uinus sepeliretur. — Ce Gaddi était un ami de Cardan qui avait bénéficié de son influence (rex cognomine ob potentiam) pour remplacer Cavenago comme médecin du Chapitre de Sant’Ambrogio.