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tu oses en espérer un profit, il vaut mieux mettre parfaitement au point une découverte que t’attacher à mille et ne rien terminer. « On rappelle plus souvent le nom de Perse pour un livre que le facile Marsus avec toute son Amazonis. » C’est ce que nous voyons qui est arrivé à Horace avec une seule œuvre, et peu considérable, mais parfaitement polie et exquise. Maintenant, il pourrait se vanter d’avoir été prophète : « Aussi longtemps que le Pontife accompagné de la Vierge silencieuse gravira le Capitole, il vivra (187) dans les livres et les flots du Styx ne l’enfermeront pas ».

Il est bien évident que le Pontife a cessé de monter ainsi, et la gloire d’Horace est encore florissante. Ainsi donc, quant à moi, j’ai accru l’arithmétique au décuple et la médecine suffisamment. Mais il convient à un homme sérieux de se hâter vers son but. Pour cela, il faut lire beaucoup, être capable de dévorer un gros volume en trois jours, passer les notions banales ou peu utiles, attendre le moment favorable pour comprendre ce qui est obscur, après l’avoir marqué d’un signe. Dans la construction de mes ouvrages, j’ai l’habitude de lier la fin d’un raisonnement au commencement du suivant. J’ai des garants divins de cette méthode. Que le discours soit net, pur, lié, ordonné, bien latin et respecte la propriété des termes ; que l’enchaînement de la composition aussi bien que du sens dérive d’un seul principe. Les sciences générales, comme la géométrie et l’arithmétique ne supportent pas d’être ornées. D’autres au contraire, comme l’astronomie et le droit ne se développent pas, mais il faut y introduire des subdivisions et des ornements.