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première fois en 1536, il n’occupe pas sa chaire, et il est alors remplacé par Boldone. À partir de 1543 il figure sur les rotuli dei lettori, avec les interruptions qu’il a marquées. Quant aux motifs qu’il invoque pour suspendre ses fonctions, ils sont bien réels : le trésor accuse une constante misère et les traitements sont irrégulièrement payés, si bien qu’il n’en résulte pas seulement des démissions, mais une tentative de grève collective en 1552[1]. Parmi les actes qui nous portent les échos de toute la vie des Facultés, discussions, jalousies entre collègues, chahuts d’étudiants, succès bruyants, les doléances de Cardan ont laissé des traces : il invoque son âge et sa santé pour déplacer son cours fixé à une heure trop matinale, mais le Sénat trouve le prétexte mauvais et repousse sa demande[2] ; il se plaint de son éternel rival Giulio Delfino[3] qui, tracassier et avide, s’est attribué les redevances payées par les nouveaux docteurs, alors qu’elles lui revenaient à lui comme premier professeur. Ce Delfino devait être un collègue difficile, toujours en querelles ; Cardan n’est pas le seul à avoir maille à partir avec lui[4], et d’autres sont ses victimes pour les prétextes les plus futiles. On finit par admettre qu’il s’est acharné contre celui

  1. Lettre du Sénat de Milan, 21 janvier 1552 (Ms 202 cité, p. 61) : Intelleximus lectores qui in ista Academia publica… ius canonicum et ciuile, artesque liberales profituntur, animo parum aequo ferre, quod debita stipendia praeter eorum expectationem et necessitates illis differantur et ex iis aliquos esse qui de lectura intermittenda iam cogitent… — Une lettre de Pavie (8 mars 1532) expose les bien modestes prétentions des professeurs : …habitis inter se consultationibus, ita mihi responderunt ut saltem ea pars salarii quam hoc anno hactenus meruerunt de praesenti soluatur, ut interea facilius se possint sustentare, asserentes eam non magnam esse summam… Existimant ut, apocha recepta, facilius se a mercatoribus pecuniarum mutuo, ipsa apocha ueluti loco pignoris oblata, inuenire posse… — Le 5 mai une lettre de l’empereur promet le paiement à brève échéance.
  2. Lettres du 2 décembre 1561, 27 avril 1562 (ms 202 et Parodi Elenchus p. 75) : Cardanus medicus qui ab initio Gymnasii ad celebritatem Diuae Catherinae quo tempore non erat intempestiuior legit sine querela, nunc quod hora legendi facta est productior, intermisit munus profitendi de quo facto non mediocriter miratus est Senatus, cum hora qua nunc legitur, non sit, ut ipse dicit, ante solis exortum.
  3. Lettre du 13 mars 1552 (ms 202).
  4. 1549, conflit avec le Recteur des Artistes an sint legendi Aphorismi Hippocratis necne ; 1552, altercatio excitata inter DD. Branda Porrum et D. Delphinum, où les étudiants et le vice-chancelier de l’Université se prononcent en faveur de Porro, etc.