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Par la suite, presque à la même époque, quels malheurs ne m’arrivèrent pas ! Au mois de juillet, je dus entreprendre un voyage à cause d’une grave maladie dont souffrait mon petit-fils à Pavie, tandis que j’étais à Milan. J’y pris un érysipèle au visage ; et comme je souffrais aussi de maux de dents, peu s’en fallut que je n’eusse besoin d’une saignée, si la nouvelle lune qui arriva ne m’en avait gardé. De ce moment j’allai mieux, et ainsi j’échappai au danger de la maladie et du remède. Plus tard, je prévins de quelques heures seulement un meurtre conçu par un domestique pour me voler. À cela succéda une goutte pénible et longue. À soixante-douze ans, des embûches menacèrent ma vie de dangers sérieux, lorsque les rues de Rome m’étaient peu connues ; et les mœurs y étaient si brutales que les médecins plus prudents et mieux avertis des habitudes y trouvèrent la mort. C’est pourquoi me voyant sauvé par la providence divine plutôt que par ma propre sagacité je n’eus plus, par la suite, la même inquiétude en face des dangers. Mais qui ne (128) voit que tout cela fut comme le présage ou comme la veillée de la gloire que je devais atteindre en cette année 1562, où j’obtins d’enseigner à Bologne pendant huit ans, charge honorable et utile qui m’apporta un répit à mes peines et une vie plus agréable.