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XXX

DANGERS, ACCIDENTS ET EMBÛCHES NOMBREUSES, DIVERSES, CONTINUELLES

J’ai couru les dangers que je vais rapporter. J’habitais dans la maison des Cattanei. Un matin que la terre était couverte de neige, en allant à mon cours, je m’arrêtai pour uriner près d’un mur qui menaçait ruine, à côté d’un étudiant, puis je continuai par le bas de la rue. À ce moment une brique se détacha du mur d’en face ; je n’échappai au danger que grâce à la neige, qui m’avait détourné de prendre par le haut, comme m’y poussait vivement mon compagnon.

(110) L’année suivante, en 1540 si je ne me trompe, comme j’étais dans la rue orientale, il me vint sans motif à l’idée de traverser du côté gauche au côté droit de la rue. À peine y étais-je qu’une bonne quantité de moëllons tomba de l’autre côté, d’un avant-toit très élevé, sur un si large espace que, à coup sûr, si je n’avais pas changé de route, j’aurais été broyé tout entier. Ainsi je fus sauvé par la volonté de Dieu.

Peu après, non loin du même endroit, j’allais monté sur une mule à côté d’un char, et je voulais le dépasser sur la droite ; car j’étais pressé par mes affaires et ennuyé du retard. Je pensai : et si le char se renverse ? Je m’arrête et il tombe. Sans aucun doute, je me serais trouvé pris sous lui, avec le risque évident d’une blessure et peut-être en grand danger de mort. Je ne m’étonne pas de ce qui est arrivé, mais de ce que, entre tant de fois où j’ai changé de chemin, je ne l’ai jamais fait spontanément qu’en de tels dangers ; peut-être les autres fois n’y ai-je pas prêté attention. C’est pourtant une chose remarquable, mais qui n’est admirable que par le nombre des exemples.