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vers l’humanité

 

Qu’importe ! l’univers resplendit comme un temple,
Et ceux-là sont pieux qui veulent être bons
Et ne gardent au cœur que l’humble ambition
De laisser aux enfants, nourris, de leur exemple,
L’espoir de féconder de plus lointains sillons !

Tous deux, ils n’auront plus qu’une chair, plus qu’une âme
Quand l’épouse aura dit : « je t’aime plus que moi
Et je ne m’aimerais, si ce n’était pour toi. »
Leurs bouches frémiront d’un long baiser de flamme,
Leurs cœurs palpiteront d’un même tendre émoi.

Et l’époux songera devant la vierge aimante
Que l’hymen ne serait qu’un caprice du sort,
Si du baiser charnel notre âme était absente !
Et lorsqu’il la prendra, superbe et consciente,
C’est qu’il voudra n’aimer qu’elle jusqu’à la mort.

(Arrêt brusque de l’orchestre.)


le chœur des jeunes filles


La mort ! oserais-tu la regarder en face,
Poète ? Il me souvient, un jour, d’avoir placé
Ma lèvre — adieu suprême — au front d’un trépassé,
Quand je me redressai, ma lèvre était de glace.