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reine. M. Péraque en avait une de l’archiduchesse, gouvernante des Pays-Bas, pour Sa Majesté. Il remercia l’inconnu et cacha sa dépêche avec soin ; mais en avançant vers Paris, l’insurrection lui parut si générale et si animée, qu’il ne jugea aucun moyen suffisant pour s’assurer que cette lettre ne serait point saisie. Il prit sur lui de la décacheter, et fit l’effort, surprenant pour son grand âge, de l’apprendre par cœur, quoique cette lettre eût quatre pages d’écriture. Arrivé à Paris, il la transcrivit et vint la présenter à la reine, en lui disant que le cœur d’un vieux et fidèle sujet lui avait donné le courage de prendre une semblable résolution. La reine reçut M. Péraque dans ses cabinets, lui exprima sa reconnaissance par l’attendrissement le plus honorable pour ce respectable vieillard. Sa Majesté pensa que le jeune inconnu qui l’avait prévenu de la situation de Paris, était le prince Georges de Hesse d’Armstadt qui lui était fort dévoué, et qui avait quitté la capitale à cette même époque.

La marquise de Tourzel remplaça madame la duchesse de Polignac. Elle avait été choisie par la reine, comme une mère de famille d’une conduite irréprochable, et qui avait elle-même dirigé avec le plus grand succès l’éducation de mesdames ses filles.

Le roi partit le 17 juillet pour Paris, accompagné du maréchal de Beauvau, du duc de Villeroy, du duc de Villequier ; il prit aussi dans sa voiture le