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tière à Sainte-Menehould, et fit plusieurs questions sur la route. Drouet, maître de poste, dont le nom funeste sera consigné dans l’histoire, frappé de la ressemblance extrême de Louis XVI avec l’effigie empreinte sur les assignats, s’approcha de la voiture, crut aussi reconnaître la reine, et jugeant que le reste des voyageurs devait faire partie de la famille royale et de sa suite, monte à l’instant à cheval, prend des chemins de traverse, arrive à Varennes avant les augustes fugitifs ; il y sème l’alarme.

La reine commençait à éprouver toutes les angoisses de la crainte ; elles furent augmentées par la voix d’un homme inconnu qui, passant à toute bride près de la voiture, leur cria, en se baissant jusqu’à leur portière, sans cependant ralentir sa course : Vous êtes reconnus !......

Le cœur palpitant de crainte, ils arrivent jusqu’aux portes de Varennes sans rencontrer un seul cavalier, devant être escortés pour entrer dans cette ville. Ils ignoraient où se trouvaient leurs relais ; ils s’arrêtent quelques minutes inutilement. Le cabriolet les avait précédés ; et les deux femmes trouvent déjà le pont barricadé avec de veilles charrettes et des meubles. Toute la garde bourgeoise était sous les armes. Le roi entra enfin dans Varennes. M. Goguelat y était arrivé avec son détachement. Il s’approcha du roi, en lui demandant s’il voulait passer par les moyens de la force ! Question funeste à faire à Louis XVI qui, depuis