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tanées apportées à la libre circulation, tant au-dedans qu’au-dehors. Tout fut accordé avec acclamation. Soixante membres furent nommés pour aller exprimer au roi toute la satisfaction que la lettre de Sa Majesté avait occasionée. Le garde-des-sceaux sortit de la salle, au bruit des applaudissemens, pour précéder chez le roi la députation.

Le roi répondit au discours qui lui fut prononcé, et termina en disant à l’Assemblée qu’un décret qui, le matin, avait aboli l’ordre du Saint-Esprit, lui laissait seulement la liberté d’en être décoré ainsi que son fils ; mais qu’un ordre n’ayant à ses yeux d’autre prix que le pouvoir de le communiquer, il n’en ferait plus usage.

La reine, son fils et Madame se tinrent à la porte de la salle où l’on avait admis la députation. Le roi dit aux députés : « Voilà ma femme et mes enfans qui partagent mes sentimens ; » et la reine confirma elle-même l’assurance que le roi leur donnait. Ces marques apparentes de confiance étaient bien éloignées de l’état d’agitation de son ame. « Ces gens ne veulent point de souverains, disait-elle. Nous succomberons à leur tactique perfide, mais très-bien suivie ; ils démolissent la monarchie pierre par pierre. »

Le lendemain du jour de la députation, les détails de la réception du roi furent reportés à l’Assemblée ; ils y excitèrent de vifs applaudissemens. Mais le président ayant mis en délibération si l’Assemblée ne devait pas rester assise pendant que le