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LES BELLINI.

daille, datée de 1481, représentant le sultan à cheval.

Le seul témoignage contemporain du séjour de Gentile à la cour de Constantinople est celui d’un certain Giovan Maria Angiolello, de Vicence, esclave de Mustapha, fils aîné du sultan, auteur d’une histoire des Turcs. Suivant ce chroniqueur, le maître vénitien fut comblé d’honneurs par Mahomet, qui le chargea d’exécuter une vue de Venise et de faire le portrait de tous les personnages de la cour réputés pour leur beauté. Il lui aurait aussi commandé plusieurs « peintures lascives » pour en orner son sérail.

On ne voit pas très bien comment Gentile put accomplir une telle tâche si, comme on le suppose généralement, il rentra à Venise dès la fin de l’année 1480. Il rapportait avec lui un portrait de Mahomet II, actuellement dans la collection Layard (p. 40), destiné à faire époque dans l’histoire de la peinture. C’est, avec une médaille frappée à la même effigie, la seule trace incontestable de son activité en Orient.

Nous avons, jusqu’à présent, négligé de faire appel à l’influence considérable exercée, sur l’école vénitienne, par l’art flamand. Se basant sur le témoignage de Vasari, la critique a fait jadis grand état de l’introduction à Venise de la peinture à l’huile par Antonello de Messine, lors du séjour qu’il y fit, vers 1475-1470. On a relevé, depuis, certaines exagérations, certaines inexactitudes, dans l’exposé de cette donnée traditionnelle. Pour ce qui est de Gentile, le procédé importe peu, car il n’influence, en aucune manière, son œil et son style. Seul, un spécialiste pourrait