Page:Cammaerts - Les Bellini, Laurens.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
LES BELLINI.

ses amples draperies, de son sobre symbolisme, de son « type » quasi classique !

D’où vient donc ce mouvement ? De Florence ? Mais Masolino n’a pas encore peint le cycle de fresques de Castiglione d’Olona (1428), Castagno et Uccello se sont à peine affirmés, et Masaccio n’a pas quinze ans.

Si l’on examine le recueil des Très Riches Heures du duc de Berry, qui date précisément de la même époque, on est frappé de l’analogie que ses miniatures présentent avec les œuvres de Gentile et de Pisanello. Nous y retrouvons l’anachronisme du costume, le réalisme d’expression, la richesse et la minutie du détail, l’imagination et l’atmosphère légendaire. Plusieurs tableaux de l’école de Cologne traduisent le même esprit, Or, on a conservé, à Vérone, la trace du passage d’un certain Maestro Wilhelm qui aurait fortement influencé Pisanello et Stefano da Zevio.

Le mouvement est-il parti du Nord ou du Sud ? Il semble assez difficile d’en décider. Le fait est qu’à l’aurore du xve siècle, une fermentation travaille simultanément les écoles d’art allemande, italienne et franco-flamande. Vérone, commandant la route de l’Adige, était spécialement bien placée pour servir d’intermédiaire. Venise devait aussi, par sa situation même, bénéficier de ce courant rénovateur. Ce n’est pas la première fois que nous aurons à mettre en relief son caractère central, européen.

Mais revenons à Jacopo que nous avons laissé, sur la place Saint-Marc, contemplant l’entrée à Venise des deux maîtres qui allaient y introduire un art nouveau et y