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LES BELLINI.

dépens de la première. Les caractéristiques squarcionesques — anatomie noueuse, draperie moulant les formes, rochers stylisés, bas-reliefs antiques, etc… — sont si aisées à découvrir, dans les premières œuvres de Giovanni, que les critiques ont cru pouvoir placer celles-ci, sans plus de réflexion, sous l’égide de Mantegna. Celui-ci, quoique à peu près du même âge que son beau-frère (il était né en 1430). possédait certainement un génie plus précoce el une technique beaucoup plus développée, mais il ne faut pas oublier qu’il subit lui-même l’influence de Jacopo qui, de son côté, révèle, dans ses dessins, plus d’un trait soi-disant squarcionesque (bas-reliefs antiques, rochers stylisés, etc.). Il y a ainsi une foule de caractères que l’on présente comme purement mantegnesques qui sont, au contraire, proprement bellinesques et dont Giovanni aurait hérité de Jacopo, même s’il n’était jamais entré en contact avec l’école de Padoue.

Il faut considérer Mantegna bien plus comme un intermédiaire, un frère aine, que comme un maître, un initiateur. Sans doute, les fresques des Eremitani captivèrent l’imagination ardente du jeune Bellini, mais nous avons relevé toute une série de points de contact entre ces œuvres et les dessins de Jacopo. On ne pourrait mieux caractériser la situation relative des trois artistes qu’en rappelant l’origine des répliques du Christ au jardin des Olives de Giovanni. (p. 73) et de Mantegna, très judicieusement placées sur le même mur, à la National Galiery. La comparaison est intéressante et suggestive, mais il serait vain de se demander