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ORIGINE DU COUTEAU

Les couteaux de bronze trouvés en Danemarck ont le manche orné ; sir John Lubboek dans son ouvrage l’Homme avant l’Histoire, en reproduit un dont la poignée représente un être humain d’un dessin assez correct.

Le rasoir apparaît pour la première fois à cette époque.

La transition du bronze au fer dut s’opérer sans difficulté ; M. Louis Figuier nous l’explique très clairement[1], laissons-lui la parole :

«  Il peut sembler étrange qu’un alliage comme le bronze ait fourni aux hommes la première substance métallique au détriment du fer. Mais il faut remarquer que les minerais de fer s’imposent moins à l’attention que les minerais de cuivre et d’étain. En outre l’extraction du fer de ses minerais est un travail des plus difficiles.

Au contraire en fondant simplement ensemble des minerais de cuivre et d’étain avec addition d’un peu de charbon on obtient du premier coup du bronze.

Mais quel est le procédé qui permit aux premiers métallurgistes d’extraire le fer de ses minerais naturels ?

Le fer natif, c’est à dire le fer métallique naturel est excessivement rare, on ne le trouve guère que dans les aérolithes. D’après le naturaliste Pallas, quelques tribus de la Sibérie parviennent à grand peine à extraire des aérolithes qui se rencontrent dans ce pays quelques parcelles de fer qui leur servent à faire des couteaux. La même pratique existe chez les Lapons.

Mais les pierres tombées du ciel sont trop rares pour avoir mis les hommes sur la voie de de l’extraction du fer. Il est donc certain que ce métal fut retiré pour la première fois de ses minerais comme avaient été rétirés le cuivre et l’étam; c’est à dire par la réduction de l’oxyde sous l’influence de la chaleur et du charbon.

Si nous jetons un coup d’œil sur l’industrie métallurgique des peuples à demi barbares des temps modernes, nous y trouverons un procédé d’extraction du fer qui justifiera complètement l’idée que nous nous faisons de la manière dont les hommes ont dû pour la première fois obtenir le fer métallique.

Le naturaliste Gmelin, dans son voyage en Tartarie fut témoin du procédé élémentaire dont se servent ces peuples septentrionaux pour se procurer le fer. Le fourneau pour l’extraction du fer n’est qu’une simple cavité de deux décimètres cubes environ , il est surmonté d’une cheminée. Au devant du fourneau est une porte qui sert à introduire le minerai et que l’on ferme pendant l’opération. Un orifice latéral reçoit le tuyau d’un soufflet qu’un homme met en mouvement tandis qu’un second introduit le minerai et le charbon par couches successives. On se borne à entretenir pendant quelques instants l’action du soufflet; ensuite on Ôtela porte du fourneau et tirant au dehors les cendres et les autres produits de la combustion, on trouve une petite masse de fer spongieux. On nettoie ce lopin de fer et on le met de côté pour le joindre à d’autres et plus tard les marteler ensemble au moyen de diverses chaudes pour les réduire en une seule barre.

Avec cette connaissance des procédés élémentaires, nous n’aurons aucune peine à nous ranger à l’opinion émise sur les forges primitives par le naturaliste suisse Morlot qui a décrit des vestiges de fourneaux antéhistoriques pour la préparation du fer, qu’il a trouvés dans la «Garinthie (Autriche).

Selon lui, voici comment on procédait. Le long d’une pente de colline exposée au vent , on creusait un trou, on en garnissait le fond d’un amas de bois sur lequel on étendait une couche de minerai. On recouvrait cette couche de minerai d’un second amas d^ bois, puis profitant d’un vent un peu fort qui faisait office du soufflet absent, on allumait le bûcher par sa base. Le bois se transformait en charbon et ce charbon sous l’influence de la chaleur, réduisait l’oxyde de fer à l’état métallique.

La combustion une fois terminée on trouvait dans les cendres quelques parcelles de fer réduit. »

Il a été découvert en Tunisie des fourneaux du même genre que ceux que nous venons de décrire.

  1. Louis Figuier, l’Homme primitif.