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gine. À l’aide de notre bateau, nous réussîmes à nous procurer quatre ou cinq canards.

Lieu de campement favori pour les caravanes, cet endroit est décoré de massacres de buffles et d’antilopes que les chasseurs ont obtenus en se mettant à l’affût des animaux qui venaient boire, et dont ils ont fait des trophées.

Dans l’après-midi, une marche pénible à travers jungle et forêt, sur une terre rocailleuse, fut continuée jusqu’à ce que la nuit close et la fatigue de nos hommes nous fissent perdre l’espoir d’atteindre l’eau ce soir-là.

Le lendemain, nous étions en route au point du jour, par un air glacial ; c’était le premier froid que nous ressentions en Afrique.

On s’arrêta au bord d’un étang à peu près à sec. Nous y trouvâmes une caravane descendante qui allait se mettre en marche ; elle répondit à nos questions que Mirammbo tenait toujours la campagne. Ses chefs avaient entendu dire que Livingstone allait bien, qu’il était en bonne passe ; mais leurs renseignements étaient si vagues qu’ils ne nous inspirèrent aucune confiance.

Nous étions alors sur les confins du Kanyényé, le plus ancien et le plus grand des districts de l’Ougogo, dont il occupe le centre.

Magommba en était toujours le chef suprême. Un petit-fils de celui-ci vint nous voir, et nous apporta un généreux présent de lait et de miel. Il y avait longtemps, nous dit-il, qu’on entendait parler de nous ; et son grand-père l’envoyait pour nous conseiller de prendre la route qui menait directement chez lui. Sans cela, un fils du vieux chef nous attirerait dans son village, avec l’intention de nous extorquer des présents, auxquels il n’avait aucun droit.

En effet, dans l’après-midi, arrivèrent des messagers qui venaient, de la part de ce fils, nous inviter à lui rendre visite. Nous exprimâmes poliment nos regrets de ne pouvoir répondre à cette demande.

Le Kanyényé est une vaste dépression, remarquable par sa manufacture de sel, qui non seulement approvisionne le district, mais encore les pays voisins.

Aux divers endroits où la contrée présente des efflorescences salines, les habitants grattent la terre et la mêlent avec de l’eau,