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En fouillant dans le lit desséché des noullahs, on peut souvent trouver de l’eau. Il y a aussi dans la contrée quelques étangs ; mais cette ressource manque en beaucoup d’endroits, Les indigènes creusent alors des fosses où l’eau de pluie s’emmagasine en quantité suffisante pour qu’il y en ait jusqu’au retour de la saison pluvieuse. Le terrain, qui renferme beaucoup de sel, la rend souvent saumâtre ; dans tous les cas, l’eau de ces réservoirs devient avec le temps d’un nauséabond indescriptible ; mais sans elle on ne vivrait pas.

Un Arabe, plus courageux et moins prudent que les autres, résolut, il y a de cela quelques années, de traverser l’Ougogo sans payer aucun droit. Dans ce but, il réunit près de neuf cents hommes et déclara ses intentions.

Les Vouagogo n’attendirent pas le combat ; ils se retirèrent avec leurs femmes, leurs enfants, leur bétail, dans les jungles. Seulement, avant de partir, ils avaient comblé les citernes, brûlé leurs cases et tous les vivres qu’ils ne pouvaient pas emporter.

Prêts à braver des forces humaines, l’Arabe et ses gens étaient sans armes contre la faim et la soif. Quelques-uns, venus de l’Ounyamouési, y retournèrent ; quelques autres atteignirent le Mpouapoua : six ou huit au plus. L’armée presque tout entière fut détruite ; on dit que sept cents hommes périrent dans cette entreprise.

L’Ougogo a près de cent milles carrés. Il est divisé en beaucoup de chefferies indépendantes, qui exigent chacune un droit de transit ; et dans chacun de ces capitanats on subit des arrêts plus ou moins longs.

Pendant la saison sèche, le pays est aride ; mais du mois de novembre jusqu’en mai, époque des pluies, il est bien arrosé, et l’on y fait d’abondantes récoltes de sorgho, dont la maturité a lieu au mois de juin. Le chaume de ces moissons forme, durant la sécheresse, la nourriture du bétail, et malgré son manque apparent de matière nutritive, les animaux du pays, qui n’ont guère d’autre pâture, sont en bonne condition.

Chaque tribu possède un troupeau de vaches, qui st soigné à tour de rôle par tous les hommes de la commune, sans en excepter le chef.

Le 22 juin, ayant gagné Mvoumé, chef-lieu du premier district de l’Ougogo, nous fûmes initiés aux vexations que fait naître la