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chef ; ces esclaves étaient sous la garde d’un homme chargé de la surveillance des champs.

Kadétamaré, instruit par l’expérience, avait établi sa nouvelle demeure au sommet d’un monticule.

À peine étions-nous installés près du village de Mouinyi Ouségara, que nous fûmes témoins d’une coutume curieuse, que l’on dit être universelle dans l’Afrique orientale. Donc, à peine étions-nous installés, qu’une femme se précipita dans le bivouac, et fit un nœud à la coiffure d’Issa, se mettant, par ce moyen, sous la protection de notre intendant, afin qu’il la vengeât de son mari : celui-ci l’avait battue parce qu’elle avait mal accommodé le poisson. Le mari vint la réclamer ; on la lui rendit, mais après lui avoir imposé une rançon d’un bœuf et de trois chèvres, et lui avoir fait promettre devant le chef de son village qu’il ne la battrait plus.

Un esclave peut aussi changer de maître en faisant un nœud à une partie quelconque du vêtement de l’homme auquel il se livre, ou bien en brisant un arc où une lance appartenant à ce même individu. Son ancien propriétaire ne peut le ravoir qu’en le payant toute sa valeur et en promettant, d’une manière formelle, de ne plus lui infliger de mauvais traitements.

De l’endroit où nous étions alors, j’envoyai à Mboumé quarante hommes pour acheter des vivres, qui devaient nous conduire jusqu’à Mpouapoua. Le lendemain, quelques-uns de ces hommes revenaient tout effarés, et nous faisaient un récit lamentable. La chose, tirée au clair, se trouva moins affreuse qu’on nous la représentait, mais cependant elle était fort grave. Notre bande, paraissait-il, avait fait la route sans encombre et terminé ses achats, quand la nouvelle se répandit que les tribus des montagnes voisines allaient attaquer le village. Cette nouvelle causa naturellement une vive alerte. Dans le tumulte qui en résulta, le fusil de l’un de nos hommes se déchargea par hasard et tua l’un des indigènes. Toute la population tomba sur nos gens, dont la plupart furent arrêtés ; les autres n’échappèrent à la prison que par la fuite ; et le grain qu’ils avaient recueilli fut perdu.

Saïd Ibn Omar, l’Arabe qui nous avait envoyé son fils à Réhenneko, et dont la résidence était voisine de Mboumé, nous écrivit immédiatement à cette occasion ; il vint ensuite nous voir, et fit tout son possible pour nous tirer de ce mauvais pas. Mal-