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CHAPITRE V


Amour-propre des pagazis. — Une passe rocheuse. — Bivouaqués sur une pente. — Mendicité. — Mirammbo. — Arbres monstrueux. — Femme battue par son mari. — Une méprise et ses conséquences. — Chercheurs de fortune. — Rejoints par plusieurs caravanes. — Un chasseur d’éléphants. — Vue poignante. — Tirikésa ou marche forcée. — Pays aride. — Mort d’épuisement. — Étrange doctrine d’un vrai croyant. — Temmbés. — Les Vouadirigo. — Une race belliqueuse. — Moisson. — Eaux amères. — Le Marennga Mkali. — Vouagogo.


Le matin du 30 mai, au moment du départ, un certain nombre d’hommes manquaient à l’appel, cinq avaient déserté. Parmi ces derniers, était l’individu que j’avais refusé de livrer au métis qui le réclamait pour dette.

Après avoir nourri des gens pendant un mois à ne rien faire, il était vexant de les perdre à l’heure du travail, et quand ils avaient reçu leurs rations pour la route.

Autre sujet d’impatience : malgré le soin que j’avais eu d’assigner à chacun le ballot qu’il devait prendre, tous se précipitèrent vers les charges favorites, moins pour en avoir une plus légère que pour s’emparer de celles qui conféraient dans la caravane une position plus élevée, l’ordre de la marche se réglant ainsi : les tentes en première ligne, puis le fil métallique, ensuite l’étoffe, les grains de verre, enfin les caisses, les ustensiles de cuisine et autres objets.

Avec beaucoup d’efforts et de persévérance, toutes les difficultés s’aplanirent ; mais il était dix heures quand nous partîmes.

La route serpenta dans une gorge rocailleuse ; puis elle escalada le versant abrupt d’une montagne, escalade rendue plus difficile par de nombreux lits de torrents creusés dans le granit, et dont la roche, complètement polie par la chute des eaux,