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n’empêchait pas le pauvre animal de plonger et de disparaître jusqu’au moment où il abordait.

Le camp fut dressé à quelque cent pas de la rive. Comme il faisait beau, nous nous empressâmes de faire sécher la cargaison ; mais dans la nuit vint une averse diluvienne qui transforma le bivouac en marais, fit monter l’eau bien au-dessus du pont et remouilla les bagages.

Il était fort heureux que la rivière eût été passée la veille ; un jour de retard, et il nous aurait fallu perdre une semaine à attendre la baisse des eaux ; le courant était trop rapide pour que notre bateau eût pu servir.

Dans l’étape suivante, le chemin se déroula sur une partie de la plaine qui, étant plus élevée, se trouvait à sec. De nombreux palmyras (borassus flabelliformis) en formaient le trait principal[1] ; le gonflement que ces grands palmiers présentent au milieu de leur tige a, pour les yeux qui n’y sont pas habitués, un étrange aspect.

Également remarquable était la quantité de pistes d’animaux sauvages qui couvraient le sol ; pistes frayées au point que, m’étant séparé de la caravane, il m’arriva de prendre l’une d’elles pour le véritable sentier, et de la suivre pendant la moitié d’un mille avant de reconnaître mon erreur.

Nous nous arrêtâmes près d’un village appelé Mkommbennga. C’est là que Dillon eut son premier accès de fièvre, qui, sans aucun doute, lui venait d’être resté dans l’eau trop longtemps, au passage qui avait précédé celui de la Makata. De mon côté, j’avais le pied droit tellement douloureux qu’il m’était impossible de le mouvoir.

Un jour de repos ne nous rétablit ni l’un ni l’autre ; mais ce qu’on nous avait dit de Réhenneko nous faisant supposer que l’air y était pur, nous pensâmes qu’il serait bon de gagner cet endroit salubre, et nous partîmes avec l’intention de diviser la course en deux étapes.

Je souffrais trop, non seulement pour marcher, mais pour

  1. « Le seul arbre important de la vallée de Makata est le Borassus flubelliformis, dit Stanley. Il y croit à certaines places en nombre suffisant pour former des massifs qu’on peut appeler des bois. On ne voit ensuite dans cette plaine que des arbres épineux d’espèces diverses, arbres très secondaires, et un mimosa parasol, dont la cime gracieuse est toujours verte » (Comment j’ai retrouvé Livingstone, p. 111.) (Note du traducteur.)