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sur un point relativement sec, nous trouvâmes ce qu’il fallait pour dresser le camp et alimenter les feux.

Il plut beaucoup toute la nuit ; mais, après le lever du soleil, le temps commença à s’éclaircir. À huit heures, nous reprîmes la marche sur un terrain plat, maigrement boisé, où s’élevaient quelques palmiers — des borassus flabelliformis — et où la fange était moins tenace que celle de la veille.

Une heure de route nous fit gagner un petit cours d’eau rapide, alimenté par l’égouttement du marais, et qui allait rejoindre la Makata ; il fut passé à gué. Après celui-ci, nous en trouvâmes un autre qui n’était pas guéable. Je donnai l’ordre de préparer le bateau de caoutchouc ; il n’était pas là : une partie de nos gens avaient pris en amont pour chercher un endroit où l’eau serait basse ; et à mon grand déplaisir, le porteur de la barque était du nombre. Je fis courir après lui ; l’attente nous parut longue. Nous nous jetâmes à l’eau, Dillon et moi, passant et repassant pour remorquer ceux qui ne savaient pas nager. À la fin, le bateau arriva ; la plupart de nos hommes étaient déjà sur l’autre rive. Nous nous servîmes du bateau pour transporter les bagages. Trouvant une de mes caisses, je me hâtai de changer de linge et de vêtements. Dillon, malheureusement, ne voulut pas suivre mon exemple, et resta mouillé jusqu’à ce qu’il fût transi.

Des bûchettes, des fragments d’herbe, accrochés aux branches des arbustes de la rive, à une dizaine de pieds au-dessus de la surface de l’eau, montraient à quelle hauteur l’inondation couvrait parfois le pays.

Une demi-heure de marche, et nous arrivâmes à la Makata, rivière tumultueuse, de cent vingt pieds de large sur huit ou neuf de profondeur. Des branchages et des troncs d’arbres attachés avec des lianes, troncs d’arbres soutenus par les maîtresses branches, allaient d’un bord à l’autre, où ils s’appuyaient sur des échafaudages de même nature.

Dans la pensée des indigènes, ce pont, qui se trouvait alors presque sous l’eau tourbillonnante, suffisait parfaitement pour les bipèdes ; mais il était impraticable pour nos malheureux ânes qu’il fallut soumettre à un genre de halage dont ils se montrèrent peu satisfaits. Chacun d’eux, à son tour, fut jeté dans la rivière du haut de la berge, et tiré de l’autre bord par vingt bras vigoureux, au moyen d’une corde passée autour du cou : ce qui