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CHAPITRE IV


Marais de la Makata. — Rivière du même nom. — Pont construit par les indigènes. — Passage des ânes. — Réhennko. — Grève dans la caravane. — Au bivouac. — Visiteurs. — Un bravache. — Nouvelles de Murphy. — Son arrivée. — Force de l’expédition. — Femmes et esclaves. — Perle d’hommes. — Armement. — Nos chiens et nos ânes.


Nous partîmes de Simmbo le 26 avril pour l’endroit redouté, vaste plaine qui s’étend des environs de Simmbaouéni jusqu’aux montagnes de l’Ousagara. Pendant la sécheresse, elle n’offre rien de particulier et ne présente aucun obstacle ; mais dans la saison des pluies, c’est une nappe fangeuse, trouée vers le couchant par deux ou trois marais d’un passage fort pénible.

Deux heures de route en pays boisé, pays agréable, au sol rouge et sableux, nous firent arriver à cette plaine qui nous apparut sous son plus triste jour. Les pas des éléphants, des girafes et des buffles avaient fait dans l’argile détrempée des puits nombreux, où l’eau nous montait jusqu’aux genoux et qui formaient pour nos ânes de véritables pièges. Une des pauvres bêtes fut presque étranglée par son conducteur, qui, pour la tirer de l’une de ces trappes, lui avait passé un nœud coulant autour du cou.

Cinq heures de marche pour faire cinq milles ; cinq heures sous une forte pluie, et durant lesquelles il fallut trainer les ânes, veiller à ce qu’ils fussent déchargés et rechargés, y mettre la main, et faire marcher les hommes qui voulaient s’arrêter en pleine fange, où ils n’auraient eu ni matériaux pour les huttes, ni combustible pour les feux. Coucher sans abri et dans la vase, sous une pluie froide, leur eût été fatal. Je continuai donc à les faire avancer jusqu’à trois heures de l’après-midi, alors que,