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jaunes ou rouges, mêlés à ceux d’autres arbres fleuris, formaient des massifs d’un effet splendide.

Ce ne fut qu’à une heure avancée de l’après-midi que nous arrivâmes au lieu de halte : une passe rocheuse qui conduit à des nappes d’eau, renfermées dans des bassins de granit. Deux de ces étangs ont un canal de décharge ; l’un se dirige à l’ouest, l’autre au levant, et tous les deux vont rejoindre le Kinngani.

La route que nous suivions alors était la route directe ; elle nous faisait traverser les montagnes que nous avions en vue depuis Kisémo, et que Burton et Speke ont groupées avec d’autres chaînons sous le nom de montagnes du Douthoumi ; en la traversant, je me suis assuré du nom de cette partie de la chaîne, elle s’appelle Koungoua.

Par suite de la longueur et de la fatigue de la marche, la queue de la caravane était éparpillée sur la route, et beaucoup de nos traînards ne gagnèrent le bivouac qu’après le coucher du soleil.

Le lendemain nous vit en route de bonne heure, suivant un sentier qui longeait un cours d’eau, et qui n’était que l’indication d’une ligne où il fallait s’ouvrir un passage à travers un fourré d’herbes tranchantes et de bambous. Ceux-ci, les premiers que nous rencontrions, étaient couverts d’une plante grimpante ayant des fleurs géminées, dont quelques-unes étaient doubles ; cette plante ressemblait beaucoup à notre pois de senteur.

Cinq milles de ce travail nous conduisirent dans une vallée enclose par les monts Koungoua, et dans laquelle des buttes coniques, fort nombreuses, étaient couronnées de villages. La caravane d’Hamis campa dans l’une de ces bourgades, nommée Konngassa, tandis que nous faisions halte dans une autre, appelée Koungoua, du nom de la chaîne dont le pic le plus élevé nous dominait.

Des champs de maïs et de patates couvraient les flancs de ces monticules ; le fond de la vallée, fond humide, était en rizières ; dans le village, croissaient des ébéniers[1].

  1. L’ébénier de cette région n’est pas de la famille des ébénacés, mais un dalbergia, le sissoo, qui se rencontre dans toute l’Afrique orientale, où il paraît être commun. Lors de son dernier voyage au Zambèze, Livingstone chauffait la machine de son petit vapeur avec ce dalbergia, dont l’ébène, dit-il, est plus beau que celui qu’on apporte en Europe. Voyez Explorations du Zambèse, Paris, Hachette. 1866, p. 19. (Note du traducteur.)