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Nous en avons dit suffisamment pour démontrer qu’il y a au centre de l’Afrique des richesses incalculables.

Déjà l’écorce du continent est percée ; les missionnaires établis sur les rives du Nyassa ont prouvé qu’il était possible de transporter un steamer au delà des rapides, et ont fondé un établissement au bord du lac. M. Cotterill s’occupe actuellement d’essais de commerce dans la même direction ; je ne doute pas que ses efforts ne soient couronnés de succès. M. Price, de la Société des missions de Londres, a conduit des bœufs de la côte au Mpouapoua, et les Missions de l’Église et de l’Université continuent de marcher vers l’intérieur.

Toutefois, les efforts des missionnaires ne parviendront pas à supprimer la traite de l’homme, et à ouvrir le pays à la civilisation, à moins qu’ils ne soient complétés par ceux du commerce. Les deux entreprises, au lieu de s’opposer l’une à l’autre, comme il arrive trop souvent, doivent se prêter assistance. Dans tous les endroits où le commerce pourra pénétrer, les missionnaires le suivront ; et sur tous les points où les missionnaires auront prouvé qu’un homme de race blanche peut vivre, il est certain que le commerce s’établira.

Si le projet philanthropique du roi des Belges rencontre l’appui qu’il mérite, bien qu’il n’ait aucun caractère religieux ou commercial, il aidera aussi à l’ouverture du pays.

L’établissement de stations sur un grand chemin qui traverserait le continent, stations où le voyageur, à bout de forces et de ressources, trouverait non seulement un lieu de repos, mais des vivres, des marchandises, un nouvel équipement, des hommes pour continuer sa tâche, permettrait de systématiser les découvertes, au lieu de laisser chaque explorateur chercher sa propre aiguille dans sa propre botte de foin.

Les stations étant fondées, il faudrait nécessairement établir entre elles des moyens réguliers de communication. Le nouvel arrivant pourrait alors se rendre directement au dépôt qui servirait de base à ses opérations, et n’aurait plus à subir les pertes de temps, d’argent et d’énergie que lui impose la traversée d’un pays neuf.

Ces stations pourraient être commandées soit par des Européens, soit par des marchands arabes dont le caractère, d’une honorabilité reconnue, inspirerait toute confiance.

Une chaîne de ces dépôts, espacés d’environ deux cents milles,