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raient servir de refuge aux petites embarcations. Puis, à partir du Kamatété (un promontoire), la chaîne recule, à peu près de la même manière qu’aux environs de l’île de Kabogo, et forme une baie profonde, entourée d’une large bande de terre basse et unie.

La corne méridionale de cette baie est formée par le cap Mpimmboué, amas confus et sauvage d’énormes blocs de granit.

Un grès d’un rouge clair, à peine pierreux, dans lequel sont englobées de fortes masses de granit et de grès dur, compose la falaise. L’eau délite peu à peu le grès tendre, elle l’enlève et laisse détachés les quartiers de roche plus dure, qui, dans leur éboulement, forment des piles ou des récifs à demi submergés.

C’est exactement, je crois, par ce même mode de désagrégation que se sont formées les collines et les montagnes qui précèdent l’Ougogo, les dépôts de roches si frappants de cette province, les monticules rocailleux de l’Ounyanyemmbé et tous ceux de même nature que l’on rencontre sur la route dont nous parlons. Selon toute apparence, le pays tout entier fut autrefois un énorme lac, à fond de grès tendre reposant sur le granit. Lorsque, par suite d’un soulèvement ou par toute autre cause, le bassin diminua, les vagues refoulées attaquèrent le rivage, en emportèrent le grès tendre, laissant les blocs que celui-ci renfermait rester ou s’amasser à la place qu’ils occupent aujourd’hui et sous leur forme actuelle. Le Tanganyika, les Nyannzas et les lacs de Livingstone sont probablement les restes de cette mer qui, autant qu’on peut le croire, était une mer d’eau douce.

Elle a pu être saumâtre, à en juger d’après les terres salines de l’Ouvinnza et de l’Ougogo, et adoucie par les pluies périodiques de milliers d’années. Si ce n’est l’élévation graduelle de l’ensemble, cette région n’a probablement subi aucun remaniement géologique important depuis l’époque où le granit, qui en est la roche fondamentale, a été formé par les feux souterrains.

Après l’embouchure de la Moussamouira, les montagnes, avons-nous dit, surplombent de nouveau le Tanganyika, et le nombre des écueils formés par la chute des rocs — quelques-uns ne sont pas à plus d’un pied ou deux au-dessous de la surface de l’eau — rend la navigation dangereuse.