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d’herbe, où l’on rencontre çà et là des monticules et des pièces ou des bandes de jungle. La population est peu nombreuse et irrégulièrement distribuée ; ses villages sont bâtis au faîte des éminences et cachés dans le fourré épineux.

Un sable rougeâtre et des galets, revêtus d’un terreau noir dont la fécondité semble être inépuisable, composent le sol. De nombreux cours d’eau temporaires, des noullahs, se rendant tous au Kinngani, sillonnent la contrée.

Le manioc, le maïs, le sorgho (doura d’Égypte, Kaffir corn ou blé cafre du Natal), le ricin, l’arachide, le sésame, sont cultivés par les habitants, qui n’ont pas d’autre bétail que des chèvres et quelques misérables moutons, auxquels s’ajoutent des poules.

Vers Msouhouah, le pays commence à s’élever d’une manière sensible, et des affleurements de quartz et de granit percent par place le grès rouge (grès tendre) qui forme la strate supérieure.

À partir de Msouhouah, la route se continue sur une plaine d’une assez grande altitude, jusqu’à la vallée du Lougérenngéri, vallée aussi belle que féconde où la culture de la canne à sucre est jointe à celle des plantes que nous avons citées plus haut.

Dès qu’on a traversé le Lougérenngéri, on entre dans les montagnes de Koungoua, qui appartiennent à la chaîne des monts du Douthoumi de Burton, et qui présentent un amas confus de hauteurs de granit et de quartz de toutes les formes. Ce chaînon irrégulier entoure un espace fertile et populeux rempli d’éminences coniques, dont les sommets sont couronnés de villages, les flancs couverts de sorgho et de maïs, tandis que les vallons qui les séparent sont occupés par des rizières.

Dans les lieux incultes, le sol est chargé d’herbes énormes et de bambous qui s’élèvent bien au-dessus de la tête du voyageur, et ne permettent que rarement d’entrevoir l’admirable scénerie qu’on traverse.

Sorti de ce bassin par un col de la montagne, vous vous trouvez de nouveau dans la vallée du Lougérenngéri, où alors le sentier se déroule entre la rivière et une rangée de collines située au sud. Cette rampe méridionale est sillonnée de nombreux torrents qui, dans les années de pluie exceptionnelles, portent la désolation dans tous les villages environnants.