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jours après ; je donnai à son commandant le capitaine, Medlycolt, une lettre pour le commodore sir W. N. W. Hewett, qu’il allait rejoindre, et que je priais de vouloir bien m’aider à faire rentrer mes compagnons à Zanzibar. Mais comme il n’était nullement certain que le commodore pût détacher un des vaisseaux de l’escadre pour me venir en aide, je cherchai un autre moyen.

MM. Pasteur et Papé, chefs de la Compagnie hollandaise de l’Afrique occidentale, et consuls de Hollande, offrirent de me prêter un vapeur qui conduirait mes gens à Sainte-Hélène, d’où ils rentreraient facilement chez eux, l’île se trouvant en communication avec le Cap et Zanzibar. Ces messieurs ne m’imposaient d’autres charges que de payer les vivres, le charbon et les droits de port ; le navire et l’équipage étaient mis gratuitement à ma disposition.

Cependant, si généreuse que fût cette offre, il me fallut la décliner. En calculant toute la dépense, je vis qu’il serait moins cher d’acheter et d’équiper un bâtiment qui ferait la traversée complète. Sur ce, je me mis en quête d’une embarcation qui pût me suffire.

On me proposa d’abord un schooner au prix de dix-sept cents livres (quarante-deux mille cinq cents francs) ; mais il fallait le radouber, l’approvisionner : c’était trop d’argent.

Peu de temps après, le San Joào d’Ulloa navire du même tonnage, fut à vendre, et le consul et moi, nous l’achetâmes pour mille livres, auxquelles s’ajoutèrent les frais d’équipement.

N’entrevoyant pas la possibilité de trouver quelqu’un qui pût lui faire doubler le Cap, j’avais résolu de conduire moi-même le San Joâo, qui maintenant s’appelait la Frances Cameron, du nom de ma mère. Je fus déchargé de cette tâche par le capitaine Alexanderson, membre de la Société de géographie de Londres, et bien connu par son exploration du bas Couenza. Il m’offrit de prendre le commandement ; c’était un marin consommé ; je n’hésitai pas à lui confier mes hommes, sachant que ceux-ci ne pouvaient pas être en meilleures mains.

Quelques difficultés s’élevaient parfois entre mon escorte et la police ; et il était amusant de voir, en pareil cas, mes hommes rapporter au consulat le bonnet ou l’épée de l’agent dont ils croyaient avoir à se plaindre. Ils pensaient, avec raison, que le propriétaire de l’objet viendrait le réclamer, ce qui le ferait connaître et leur permettrait d’exposer leurs griefs. Grâce à la bonté