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plus que cela au-dessous du point culminant de la route du jour.

Après un vigoureux massage de mon Vendredi, ainsi que j’appelais mon domestique, vendredi étant la traduction littérale de Djoumah, j’entrai dans ma cahute et je jouis du sommeil que j’avais bien gagné.

Le lendemain matin, à cinq heures, nous étions en marche. La Balommba fut traversée ; nous rangeâmes ensuite des terres mises en culture, et des villages perchés sur des collines rocheuses ; villages d’une couleur tellement pareille à celle du grès rouge de leur siège, que je ne les aurais pas vus, sans les spirales de fumée qui s’élevaient au-dessus de leurs cases.

Puis, à travers des jungles, des ravins, des cours d’eau, gravissant et dévalant jusqu’à ce que nous eussions trouvé une plaine située entre deux montagnes, plaine féconde et largement cultivée ; le maïs, la canne à sucre, le tabac, y étaient à profusion. Nous nous efforçâmes de persuader aux individus qui travaillaient dans les champs de nous vendre quelque chose ; ils ne daignèrent pas même nous répondre.

L’estomac vide, nous venions de quitter ces gens peu sociables lorsque nous rencontrâmes une grande caravane qui avait deux semblants de drapeaux, et, à l’arrière-garde, des hommes vêtus à l’européenne ; elle était copieusement chargée d’eau-de-vie. Quelques-uns de ses membres, ayant allégé leurs fardeaux le matin même, se trouvaient d’humeur querelleuse. Ils essayèrent d’abord de nous pousser hors de la route, et se conduisirent envers nous d’une façon très reprochable ; mais l’un d’eux m’ayant heurté à dessein, je lui rendis la pareille ; tout en ayant l’air de faire un faux pas, je l’envoyai rouler à une certaine distance ; après quoi le chemin fut libre.

Vers deux heures, Manoël m’assura que nous étions près d’un village dont il connaissait le chef ; c’était le cas de renouveler notre provision de farine, qui touchait à sa fin. La situation exacte de ce village ne nous étant pas connue, j’allais envoyer à sa découverte, quand nous entendîmes un cri d’enfant. L’instant d’après, la bourgade était trouvée ; bien qu’elle fût à peine à cent mètres du chemin, nous ne l’avions pas aperçue derrière les arbres et les roches qui la voilaient aux passants.

Nous obtînmes du chef une petite quantité de farine ; il me fit en outre présent d’un peu de maïs, d’une gourde de pommbé,