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et lui avait demandé une autre de ses filles qu’il avait emmenée à Zanzibar.

Ce jour-là nous ne rencontrâmes pas moins de dix caravanes se dirigeant vers l’intérieur ; chacune était composée de soixante-dix à quatre-vingts hommes, et chargée principalement de sel et d’eau-de-vie achetés à Benguéla.

Une eau courante, traversant un bourbier que nous atteignîmes vers midi, nous fournit l’occasion de prendre un bain. Puis un lunch, composé d’un morceau de damper (sorte de crêpe), un instant de repos, et nous repartîmes.

Le pays dans lequel nous entrions était bien boisé, mais sillonné de ruisseaux, déchiré par de nombreux torrents, accidenté par des affleurements de granit, sous forme de loupes et de vastes nappes.

Une haute colline fut escaladée : en face de nous étaient de nouvelles montagnes, et à nos pieds, un petit camp d’assez bonne apparence, où nous nous arrêtâmes.

Devant le bivouac passait la Balommba, rivière de quatre-vingts pieds de large et de trois pieds de profondeur ; elle fuyait rapidement au nord-ouest, pour gagner la mer un peu au nord de Benguéla.

Des caravanes continuaient à nous croiser. Presque toutes étaient du Baïlounda ; elles avaient porté à la côte de la farine de mais et de la cassave, dont on nourrit les esclaves à Benguéla ; et, comme les précédentes, elles revenaient avec de petits sacs de sel, de l’eau-de-vie, parfois de l’étoffe, qu’elles avaient reçus en échange de leur première cargaison.

Ces Baïloundas sont légèrement chargés, ce qui leur permet d’aller vite : leur absence ne dure pas plus de trois semaines. Pendant ces voyages, ils ne mangent qu’une ou deux poignées de bouillie par jour, et se soutiennent presque entièrement avec de la bière. Ils n’en sont pas moins d’une santé florissante, et paraissent vigoureux. On ne voit pas de femmes dans leurs caravanes ; ils restent si peu de temps en route, et leur ordinaire est tellement simple, qu’ils n’ont pas besoin d’aide.

Nous avions marché d’un pas rapide pendant onze heures, quand nous nous arrêtâmes ; nous fûmes heureux de nous reposer. L’altitude du camp était de trois mille huit cent soixante-dix pieds au-dessus du niveau de la mer ; près de deux mille pieds plus bas que notre couchée de la veille, et infiniment