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qui, sans plus de ressources que d’instruction, avaient pu le construire.

Les menaces de pluie se réalisèrent, et le lendemain matin, les hommes qui déclarèrent ne pas pouvoir porter leurs fardeaux furent plus nombreux que la veille. L’un d’eux était même incapable de marcher ; ce fut à grand’peine que je lui trouvai des porteurs.

Une grande partie du mal était due, sans aucun doute, au manque d’abri. Je résolus dès lors de rester à l’arrière-garde pour obliger les retardataires à gagner le camp, au lieu de s’arrêter en chemin ; et ce fut une longue fatigue que celle de l’étape suivante, où sur les neuf heures et demie qu’elle demanda, j’en employai quatre à rallier les traînards.

Ce jour-là, passant par une brèche, nous traversâmes une crête boisée. Des villages étaient perchés sur les cimes ou enfouis dans les arbres des pentes abruptes, positions faciles à défendre. Il y avait dans les vallées de grands champs de maïs et de manioc.

Les habitants paraissaient très laborieux ; hommes et femmes préparaient la terre pour de nouvelles moissons, ou, deux à deux, portaient d’énormes paniers de cassave suspendus à de longues perches, et montaient lestement leurs charges au village. Ils travaillaient tous avec plus d’activité, plus d’entrain que je ne l’avais vu faire depuis longtemps. L’un d’eux, sachant le portugais, vint demander qui nous étions et donna à mes hommes des racines de manioc.

D’autres montagnes, offrant toutes les formes imaginables, s’élevaient en face de nous, tandis que, sur la droite, une portion de la chaîne que nous venions de traverser finissait brusquement. L’aspect de cet escarpement final me rappela le versant nord du rocher de Gilbraltar. Tout en haut, résidait le chef du district, dont le village n’avait jamais reçu d’étrangers.

Comme ils arrivaient au pied de cette colline, appelée Houmbi, les porteurs de mon malade s’arrêtèrent, déclarant qu’ils étaient à bout de forces. Le camp était voisin ; je leur permis de faire halte, et pressai le pas pour leur envoyer des remplaçants.

Malgré le soin que j’avais eu de fermer la marche, un de mes soldats du nom de Madjouto manquait à l’appel. Il avait proposé à un autre de se glisser dans la jungle pour dormir, faisant observer au camarade que si je les trouvais sur la route, je les for-