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CHAPITRE XXXII


Découragement de la caravane. — Pont remarquable. — Mauvais temps. — Entrée de la montagne. — À bout de force. — Un traînard. — Affreuse nuit. — Recherche de l’absent. — Funérailles dissimulées. — Légions de sauterelles. — Récolte de ces insectes. — Traite de l’homme sur la côte. — Mode d’embarquement des esclaves. — De mal en pis. — Décision. — Abandon des bagages. — Marches forcées. — Camp le plus élevé du voyage. — Parapluies bigarrés et boîtes vides. — Colonie de métis. — Gorge boisée. — Cascades. — Caravanes nombreuses. — Pas de vivres. — À la recherche d’un camp. — Tombeaux et squelettes. — Fatigue et famine. — La mer ! — En détresse. — Dernière étape. — Scorbut. — M. Cauchoix. — Au port.


Une nuit d’averse enleva à mes hommes le peu d’énergie qu’ils pouvaient avoir ; les traîner sur la route devint une pénible tâche : on eût dit un cortège funèbre, non pas une colonne victorieuse qui va gagner le port.

L’étape, ce jour-là, n’était pas longue ; elle prit néanmoins beaucoup de temps ; et, arrivés au lieu de repos, mes abattus n’eurent pas le courage de se faire des huttes, malgré les menaces de pluie. La lenteur de la marche n’avait pas empêché qu’il y eût des traînards : ceux-ci n’arrivèrent qu’à la nuit close.

Nous avions traversé le Koukéhoui, rivière assez large qui tombe dans la mer à Nova Dondo, et le Kouléli, un de ses affluents, sans parler de nombreux ruisseaux d’importance diverse.

Les deux rivières avaient été franchies sur des passerelles dont le tablier, formé de branchages, était soutenu par des poteaux posés sur pilotis. À l’origine, les traverses du tablier avaient été fixées par des liens aux pieux qui les portaient ; mais les liens avaient disparu, et ces ponts n’offraient qu’un appui très chancelant. Celui du Koukéhoui, de plus de cent pieds de long, sur douze de large, faisait le plus grand honneur aux indigènes