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un châle écossais gris, dont les deux bouts, rejetés en arrière, étaient portés par un petit garçon complètement nu. Un vieux chapeau crasseux, à larges bords, lui couvrait la tête ; et malgré l’heure peu avancée il était déjà ivre aux trois quarts.

À peine fut-il assis, qu’il commença à m’informer de sa puissance. Il était, disait-il, le plus grand de tous les rois d’Afrique, puisque, en outre de son nom africain, il avait un nom européen : il s’appelait Antonio Kagnommbé ; et le portrait du roi Antonio avait été envoyé à Lisbonne.

Je fus ensuite averti de ne pas mesurer l’étendue de son pouvoir au peu de fraîcheur des habits qu’il portait ce jour-là : un grand costume, un costume tout neuf lui avait été donné par les autorités portugaises, pendant son séjour sur la côte. Il avait passé plusieurs années à Loanda, où il avait, disait-il, fait son éducation ; mais l’unique résultat de ses études semblait avoir été de joindre les vices d’une demi-civilisation à ceux de l’état sauvage.


Couteaux.

Ayant appris que j’étais en route depuis longtemps, il voulait bien être satisfait de ce que je lui avais donné, et se plaisait à me le dire ; mais il me rappelait que, si jamais je revenais chez lui, je devais lui apporter des présents plus dignes de sa grandeur.

Après cette recommandation, qui termina le discours royal, nous entrâmes dans l’enceinte réservée, où un énorme figuier banian répandait son ombre, et où il y avait de grands bananiers