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spiration, car plusieurs canots chavirèrent et des esclaves faillirent se noyer, deux surtout qui, liés l’un à l’autre, auraient certainement péri si mes gens et moi n’avions pas été assez près pour les secourir.

Autant que j’ai pu le savoir, le Couenza est encore navigable en amont du point où nous l’avons traversé, et les bateaux de la Compagnie remontant jusqu’aux chutes qui sont au-dessus de Donndo, il est probable qu’il suffirait d’une mise de fonds et d’un travail modérés pour établir un service de petits vapeurs sur le haut Couenza. La plus grande portion du transit de l’intérieur à Benguéla serait absorbée pas cette voie fluviale, qui, je n’ai pas besoin de le dire, ouvrirait cette partie du continent aux entreprises européennes.

Quittant la rivière, nous entrâmes bientôt dans un pays montagneux et boisé, dont les gorges renferment de nombreux villages, parfois entourés d’estacades. Les maisons de ces villages sont grandes et bien bâties, généralement carrées, de huit pieds de hauteur environ, à partir du sol jusqu’au bord du toit de chaume, qui est élevé et se termine en pointe. Les murs sont enduits d’argile blanche ou d’un rouge clair, et souvent décorés d’esquisses représentant des chevaux, des cochons, des scènes de la vie quotidienne, telles que des hommes portant des hamacs, etc.

On voit, dans ces villages, de nombreux greniers construits sur des plates-formes qui les élèvent d’environ un mètre au-dessus du sol. Ces édifices sont des tours de huit à dix pieds de haut, sur dix-huit ou vingt de circonférence ; leur toit conique, revêtu d’herbe, est mobile et s’enlève quand on veut pénétrer dans le grenier qui n’a pas d’autre ouverture.

Les cochons et les volailles abondaient ; mais les villageois, amplement fournis d’étoffe par les caravanes, ne voulaient rien vendre, ou exigeaient des prix que je ne pouvais pas aborder.

Tout ce qu’on avait dit sur la fermeture de la route, les six mille hommes repoussés après quatre jours de combat, le traitant qui avait perdu deux cents personnes et toute sa cargaison, rien de tout cela n’était vrai ; il était même impossible de deviner ce qui avait pu donner lieu à de pareilles histoires. Ces canards, et beaucoup d’autres, nous avaient été servis avec un luxe de détails qui prouvait la fécondité d’imagination des narrateurs. Mes gens, très convaincus d’abord de l’exactitude de ces