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Kanyômmba, chez qui nous arrivâmes, fut pour moi d’une grande bonté ; il me fit présent d’un veau, bien qu’il sût que je n’avais rien à lui offrir en retour, et me témoigna un affectueux intérêt. Quand il apprit que j’avais l’intention de rentrer chez moi par mer, il s’efforça de me persuader de reprendre la route par laquelle j’étais venu, s’engageant à faire tout son possible pour me faciliter le voyage : « Car si je m’en allais par eau, je me perdrais bien certainement puisque le chemin ne serait pas indiqué. »

Pendant notre halte chez Kanyômmba il y eut une éclipse de soleil ; je m’en servis pour déterminer la longitude. J’adaptai le miroir obscur de mon sextant à l’un des tubes de ma lunette ; je mis un mouchoir de poche devant l’autre, et fis en sorte de marquer l’instant des quatre contacts.

Au début de l’éclipse, les indigènes coururent à leurs maisons ; ce fut l’unique témoignage de l’impression que leur causa le phénomène. Bien que la diminution de lumière fût très grande, il n’y eut pas d’individus frappés de terreur, s’attendant à voir le soleil mangé par un serpent, ou supposant que la fin du monde était venue.

Alvez, toujours prêt à faire un acte déshonnête, essaya de m’extorquer le veau que m’avait donné le vieux chef, assurant qu’il l’avait payé ; mais je découvris que cette assertion était fausse, et je refusai de livrer l’animal.

Nous partîmes de chez Kanyômmba le 30 septembre et allâmes bivouaquer près des rives du Couenza, où nous fûmes rejoints par les hommes qu’Alvez avait envoyés chercher de l’étoffe. Ces hommes nous dirent que João, dont le véritable nom était João Baptista Ferreira, n’était pas encore parti de Bihé. Il s’y trouvait avec Guilhermé Gonçalvès, un autre blanc récemment arrivé d’Europe. J’appris en même temps que mes dépêches avaient été remises à João, qui s’était chargé de les faire parvenir à la côte ; mais rien des affaires européennes. Tous les efforts que je fis pour obtenir quelques nouvelles à cet égard furent infructueux. Pas un n’avait l’air de se douter qu’il se passât quelque chose en dehors du Bihé et du Benguéla. Ils étaient tous complètement absorbés par leurs propres affaires, bien qu’à en juger par les histoires à sensation qui circulaient fréquemment, histoires fausses sur les périls de la route, il y eût demande de nouvelles d’un certain genre.