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appelé Kimmbanndé, et situé entre le Kibokoué et le Bihé. Sur la route nous vîmes beaucoup de gens de cette dernière province qui allaient acheter de la cire, et nous rencontrâmes une grande caravane appartenant encore à Silva Porto ; de même que la précédente, elle se rendait au Katannga, avec mission d’acheter des esclaves. Son chef, esclave lui-même, était un homme robuste d’une cinquantaine d’années, vêtu d’un large pantalon bleu, d’un paletot de même couleur, à boutons de cuivre, et coiffé d’un grand chapeau de paille. Il me dit spontanément que de toutes les caravanes auxquelles j’aurais pu me joindre, il n’en était pas de plus abominable que celle d’Alvez, opinion que je partageais complètement.

D’après la respectabilité de son extérieur, j’avais espéré que le chef de cette caravane pourrait me fournir du blé ou du biscuit ; je m’étais trompé ; et il me fallut vendre mes chemises puis déchirer ma redingote pour acheter des vivres avec ses menus morceaux.

Cette marche de cinq jours nous fit entrer dans le bassin du Couenza et traverser deux des principaux affluents de cette rivière : la Vinndika et le Kouiba, tous les deux d’un volume considérable.

Ayant remarqué au flanc d’une colline, près de la source d’un ruisseau, une excavation d’apparence très curieuse, je quittai le chemin pour aller examiner cette grotte. Dès que j’eus fait quelques pas à travers le hallier, je me trouvai, à ma grande surprise, au bord d’une falaise dominant un creux de trente pieds de profondeur, et qui pouvait avoir une étendue de quarante acres. Excepté sur une longueur d’environ vingt pieds, la falaise entourait complétement le bassin. Le fond de cette énorme cuve, d’un sol uni et rouge, était sillonné de canaux desséchés remplis de sable blanc. De nombreux monticules d’argile rutilante et d’un étrange aspect y étaient disséminés. On eût dit que ce bassin avait été creusé dans la colline et qu’on y avait placé de petits modèles de montagnes. Des indigènes me racontèrent qu’autrefois il y avait là un gros village, dont les habitants étaient mauvais ; qu’alors un grand serpent était venu pendant la nuit, avait tué ces mauvaises gens pour les punir, et avait laissé l’endroit tel que j’avais pu le voir. Il était évident que, pour mes informateurs, cette histoire ne faisait pas l’objet d’un doute.