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pour relever cent quatre-vingt-sept distances, qui me permirent de fixer exactement cette position importante.

Nous rencontrâmes à Kissennga une petite bande de natifs du Lovalé qui achetaient de la cire et de l’ivoire. Tous étaient armés de fusils ; et comme toujours en pareil cas, ils regardèrent les miens avec beaucoup plus d’intérêt que ne le faisaient les gens qui n’avaient jamais vu d’armes à feu. Mon gros raïfle excita vivement leur admiration ; toutefois, n’ayant que de longs fusils portugais, des fusils à pierre, ils n’en comprirent pas d’abord toute la valeur : mais quand l’un d’eux ayant consenti à prendre pour cible un arbre éloigné de cinquante pas, j’eus mis la balle de mon second coup dans le trou fait par la première, ils furent complètement édifiés sur la puissance et la précision de mes armes.

À partir de Kissennga, trois jours de marche à travers des jungles alternant avec de grandes plaines, nous amenèrent au village de Sona Bazh, village récemment construit par des gens du Lovalé. Nous avions trouvé sur la route des traces nombreuses de grand gibier et vu une troupe de zèbres. J’avais regardé longtemps avec ma lunette ces jolies bêtes qui jouaient entre elles, où qui pâturaient sans se douter de notre voisinage.

On aperçoit de Sona Bazh les grands arbres dont sont couverts les bords du Zambèse, qui, à une distance de dix à douze milles, se dirige à l’ouest-sud-ouest. Nous étions alors sur la ligne de faîte qui sépare ce fleuve du Cassaï ; et continuellement nous traversions des rivières qui allaient se jeter dans l’un ou dans l’autre de ces cours d’eau.

Le chemin nous conduisit premièrement à une dépression que draine la Louvoua, affluent du Zambèse, et au bord de laquelle nous nous arrêtâmes.

Dans ma tente, le thermomètre à minima indiqua, pour la nuit, trente-huit degrés Fahrenheit (un peu plus de trois degrés centigrades au-dessus de zéro) ; en descendant la côte, nous trouvâmes le sol gelé, et plus bas, les étangs couverts de glace. Pour moi, c’était un bonheur de sentir la terre friable craquer sous le pied ; mais il est possible que, pour mes gens sans souliers et à demi nus, ce changement de température fût moins agréable.

Jusqu’au 18 août, nous continuâmes à traverser de nombreux