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Longtemps avant de rejoindre Alvez, le fumet de la viande d’éléphant qui, préparée d’une façon trop sommaire, était déjà gâtée, me prouva que j’étais bien sur la piste de la caravane.

En arrivant, je demandai à notre chef comment il se faisait qu’il marchât au sud-sud-est, quand Bihé se trouvait à l’ouest-sud-ouest. Il me répondit que le chemin qu’il suivait était bon, que d’ailleurs il n’en connaissait pas d’autre.

Mes gens étaient trop effrayés de la route qu’ils avaient à faire pour venir avec moi seul. « Aucun d’eux, disaient-ils, ne savait où l’on pourrait trouver de l’eau, acheter des vivres, ne connaissait les divers langages des pays où nous devions passer. » Tout cela était vrai ; et ne pouvant mettre en doute que, si je me séparais d’Alvez, la plupart de mes hommes me quitteraient pour le suivre, j’étais contraint d’accepter sa direction.

Les quelques individus qui vinrent au camp étaient les premiers Voualonnda que j’eusse encore rencontrés. Ils étaient sales et avaient l’air sauvage. Le vêtement des hommes consistait en un tablier de cuir ; celui des femmes se bornait à un lambeau de feutre d’écorce.

Ni les uns ni les autres n’avaient de coiffure particulière. Leur toison était simplement enduite de graisse et d’argile, et tous se faisaient remarquer par une absence complète d’ornements. Rien n’annonçait qu’ils eussent été en rapport avec les caravanes ; pas un d’entre eux ne possédait un grain de verre ou un morceau d’étoffe. Je donnai quelques perles à un homme dont j’avais essayé d’obtenir des renseignements : le cadeau lui fit un plaisir extrême.

L’étape du lendemain fut à la fois ennuyeuse et pénible ; tous les sentiers, suivant l’expression africaine, étaient morts, c’est-à-dire effacés, toutes les cases étaient désertes. Nous finîmes cependant, à une heure avancée de l’après-midi, par gagner l’endroit que nous voulions atteindre ; et j’eus la satisfaction, bien négative, d’apprendre que la route que je voulais suivre la veille y conduisait directement.

Nous étions alors près du village de Moéné Koula, un des sous-chefs de l’Oulonnda, et sur la grande route qui va de la capitale du Mata Yafa aux mines de cuivre et aux salines des environs de Kouidjila. C’est par cette route que les pombéiros Pedro Joào Baplista et Anastacio José allèrent de la résidence du