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sonngo et parfaitement à la hauteur de leur tâche, qui était de surveiller les esclaves ; enfin trois enfants, dont l’un portait une idole, également offerte par Kassonngo à Coïmbra, et que ce dernier considérait comme un Dieu tout aussi bon qu’un autre, bien qu’il fit profession d’être chrétien.

Comme celui de la plupart des métis de Bihé, tout son christianisme consistait à avoir reçu le baptême par l’entremise de quelque chenapan se qualifiant de prêtre, et qui, trop criminel pour être souffert à Loanda ou à Benguéla, s’était retiré dans l’intérieur, où il baptisait pour vivre tous les enfants qui lui tombaient sous la main.

Alvez ne valait pas mieux ; il était complètement à la hauteur des circonstances. Lorsqu’il vit arriver Coïmbra avec une aussi riche moisson, il en demanda sa part à titre d’indemnité, pour le couvrir des frais que lui avait causés la prise des captives en l’arrêtant dans sa marche.

Augmentée de ce surcroît de misère, la caravane partit le jour suivant et gagna le Lovoï. Les uns le franchirent sur une pêcherie servant de pont ; les autres passèrent à gué dans un endroit où l’eau avait cent vingt pieds de large, et arrivait à mi-cuisse.

Depuis la fin des pluies, la rivière avait considérablement baissé. Il était facile de voir, par les traces de l’inondation, qu’elle avait eu près de quatre cents pieds de large et douze de profondeur.

Ses rives étaient lisérées d’une bande herbue, surmontée d’une frange de beaux dattiers sauvages, aux feuilles pennées ; un fond de grand bois complétait l’heureux effet de la scène.

Le Lovoï forme en cet endroit la frontière de l’Ouroua, qu’il sépare de l’Oussoumbé. De l’autre côté de ses rives, je n’ai pas vu d’élaïs. Nous étions alors à plus de deux mille six cents pieds au-dessus de la mer, altitude que ne dépasse guère ce palmier ; d’après Livingstone, il croîtrait chez Cassemmbé à mille yards (neuf cent et quelques mètres) au-dessus de l’Océan ; mais c’est, je n’en doute pas, un fait exceptionnel.

Trois milles d’une montée rapide, à partir du Lovoï, nous conduisirent près de Msoa, dans un endroit où nous nous arrêtâmes.

La caravane, on l’a vu plus haut, se composait de différents groupes qui, chacun, avait son installation particulière. Ma bande formait un camp ; celle d’Alvez en formait un autre ;