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des heures le bivouac retentit des cris déchirants de ces pauvres créatures, à qui les maîtres faisaient cruellement payer cet essai de délivrance.

Dès le matin, Alvez me fit appeler devant lui. Le message était impertinent ; malgré cela, j’allai voir ce qu’il signifiait. À peine arrivé, j’appris qu’on avait reçu des nouvelles de Coïmbra, que celui-ci était dans le voisinage et que nous devions l’attendre. Je fis observer que nous avions déjà perdu beaucoup de temps, qu’une bande aussi peu nombreuse pouvait facilement nous rejoindre, qu’il avait été convenu… Alvez, me tournant le dos, répondit qu’il était le chef de la caravane, non mon serviteur, et qu’il entendait marcher et s’arrêter quand bon lui semblait. J’éprouvai une forte démangeaison de secouer le vieux scélérat hors de ses guenilles ; mais je pensai qu’il valait mieux ne pas se salir les doigts.

Coïmbra arriva dans l’après-midi avec cinquante-deux femmes enchaînées par groupe de dix-sept à dix-huit. Toutes ces femmes étaient chargées d’énormes fardeaux, fruit des rapines du maître. En surplus de ces lourdes charges, quelques-unes portaient des enfants ; d’autres étaient enceintes. Les pauvres créatures, accablées de fatigue, les pieds déchirés, se traînaient