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J’en avais rencontré précédemment, et en grand nombre, de dix pieds de hauteur ; mais là, je voyais tout à coup des édifices de quarante à cinquante pieds d’élévation ; et si l’on compare le résultat aux moyens qui l’ont produit, ces fourmilières sont plus étonnantes que les pyramides d’Égypte : comme si un peuple avait bâti le mont Everest.

Campés à peu de distance du village, nous vîmes bientôt accourir les habitants. Les uns venaient par simple curiosité, la plupart pour vendre leurs marchandises, les autres pour voir les petits profits qu’ils pourraient faire. Il n’y avait que des hommes ; le bruit s’étant répandu que Kassonngo et Coïmbra étaient avec nous, les femmes et les enfants, ainsi que les animaux domestiques, avaient été envoyés de l’autre côté du Lovoï.

Ces gens-là considéraient évidemment la visite de leur souverain comme la plus grande des catastrophes. Il suffisait de leur nommer Kassonngo pour faire naître immédiatement une pantomime expressive d’amputation de nez, de mains, d’oreilles, et tous déclaraient qu’à son approche ils iraient se cacher dans la jungle.

Lounga Manndi envoyait le tribut, ou le portait lui-même, pour éviter le malheur d’une visite royale ; et revenir sain et sauf de cette expédition, était regardé comme une bonne fortune particulière.

À peine le camp était-il dressé, que Lounga vint nous voir. C’était un homme d’un grand âge ; mais à part l’affaiblissement de ses yeux, rien, chez lui, n’annonçait la vieillesse ; il marchait d’un pas aussi léger, aussi élastique que celui de tous les jeunes gens de son escorte.

Lounga était déjà chef du même canton sous le grand-père de Kassonngo, et nous disait que ce dernier dépassait en barbarie tous ses prédécesseurs. Quant à moi, il était sûr de ma bonté, ayant entendu dire que je ne permettais pas à mes gens de faire des esclaves, et que je les obligeais à payer leurs provisions.

Ici, Alvez apprit à ses dépens ce qu’il y a de désagréable à être volé. Un de ses neveux, qu’il avait laissé chez Lounga avec trois sacs de perles destinées à l’achat des vivres nécessaires pour le

    fourmilière qui, d’après la hauteur des herbes, pourrait avoir une trentaine de pieds, et qui paraît être recouverte en chaume. Est-ce de celle-là qu’il est ici question ? Nous regrettons vivement que l’auteur n’en ait pas dit davantage sur ces merveilles du monde animal. (Note du traducteur.)