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suivi d’une foule d’amis hurlants, qui néanmoins furent assez sages pour l’empêcher d’exécuter ses projets de meurtre. J’ordonnai à mes hommes de mettre la crosse en l’air et de demeurer complétement impassibles : une collision devenait imminente, rien n’aurait pu la prévenir si l’un des nôtres eût déchargé son fusil.

Dillon, Murphy et moi, entièrement désarmés, nous restions entre la foule et nos soldats, allant et venant, gardant notre sang-froid, bien qu’à plusieurs reprises l’Arabe, dont la fureur ne se distinguait plus de la folie, eût échappé aux mains de ceux qui voulaient le retenir et se fût tellement approché de nous, que j’avais calculé mes chances de lui saisir le poignet et de l’empêcher de m’abattre d’un coup de sabre.

Au bout de quelque temps, le djémadar Issa parut avec ses Béloutches et dispersa la foule. Je lui dis qu’ayant mis en prison celui de nos soldats qui avait frappé l’Arabe, j’attendais de lui qu’à son tour il arrêtât celui-ci. Le djémadar promit de faire droit à notre requête, et nous regagnâmes notre logement.

Peu de temps après, nous vîmes entrer notre propriétaire en grand émoi. Il nous dit que l’Arabe et ses amis avaient tout brisé dans sa boutique, menaçant de le tuer, s’il refusait de leur montrer le chemin qui conduisait à nos chambres, et n’avaient cédé qu’à l’intervention des Béloutches.

J’envoyai chercher le commandant Issa. « Le drapeau britannique, lui dis-je, a été insulté par l’attaque de la maison sur laquelle il flotte ; si le coupable n’est pas arrêté immédiatement, j’en référerai à l’amiral, qui est maintenant à Zanzibar. » En même temps, j’écrivis au djémadar Sebr pour le requérir de venir aider par sa présence au rétablissement de l’ordre.

IL y eut un moment de calme. Sur ces entrefaites, un orage nous ayant fourni beaucoup d’eau, nous profitâmes de l’occasion pour laver nos chiens. Comme nous étions engagés dans cette opération intéressante, vêtus simplement de nos pydjamas[1] et d’eau de savon, le turban du djémadar Sebr apparut en haut de notre échelle. D’un bond nous fûmes dans la pièce voisine, d’où nous revînmes suffisamment habillés pour recevoir notre visiteur d’une manière convenable.

  1. Sorte de caleçon ou plutôt de culotte courte en étoffe légère et très ample. (Note du traducteur.)