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éléphants, en criblaient la surface. En différents endroits, les empreintes étaient fraîches, et, à en juger par leur nombre et par les dégâts commis sur les arbres et sur les arbustes, quelques-unes des bandes devaient avoir compté plus de cinq cents bêtes.

Il nous fallut traverser de nombreux cours d’eau qui passent entre ces plaines, parmi de petites ondulations, et que bordent fréquemment des marais d’un mille de large. Le Ndjivé surtout fut difficile à franchir : du bois sur les deux rives, et des berges couvertes d’arbres tombés, entre lesquels nous avions de la boue, souvent jusqu’à la ceinture. Voulait-on profiter du point d’appui illusoire que paraissaient offrir ces troncs glissants, ils tournaient sous l’effort que vous faisiez pour garder votre équilibre et vous précipitaient dans une eau stagnante et putride. Un ou deux exemples du fait nous apprirent qu’il valait mieux passer à gué, dans l’eau jusqu’à la taille, que de risquer un plongeon qui vous en mettait par-dessus la tête.


Les marais de Ndjivé.

Venait ensuite un espace herbu et sec, puis le marais proprement dit, traversé par un sentier où l’on enfonçait jusqu’aux genoux dans une bourbe tenace. Quelques-uns de nos gens essayèrent d’éviter cette chaussée boueuse en sautant d’une touffe d’herbe à l’autre, herbe longue et raide qui croissait abondamment dans le marais. Mais ces touffes, qu’ils croyaient résistantes, flottaient sur une fange liquide et visqueuse ; elles chavirèrent