Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/391

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la fin, je décidai Alvez à envoyer Moénooti, son principal lieutenant, chercher les attendus. Cette fois le message fut efficace : le 26 mai, reparut la première bande. Mais alors Coïmbra, qui était revenu de ses expéditions avec Kassonngo, trouva bon d’aller en razzia pour son propre compte. Je protestai ; Alvez me répondit que si Coïmbra n’était pas rentré quand nous pourrions partir, il ne l’attendrait pas ; et, sans me fier beaucoup à cette promesse, il fallut m’en contenter.

Sur ces entrefaites, un des hommes de ma bande s’enferma dans sa case, où il se mit à fumer du chanvre, et se narcotisa complètement. Le soir, la hutte de ce malheureux était en flammes. Le vent soufflait de ce côté, la vague ardente s’étendit avec la rapidité de l’éclair.

Au premier cri d’alarme, Djoumah, mon domestique qui était avec moi, courut à sa case déjà atteinte ; il saisit le raïfle et les cartouches qui s’y trouvaient ; puis laissant tout ce qu’il possédait devenir la proie du feu, il se précipita vers ma tente.

Celle-ci brûla tout entière ; mais grâce au dévouement de Djoumah, à sa présence d’esprit, à ses efforts, à ceux de Hamis Ferhann et de deux ou trois autres, mes cartes, mes journaux, mes instruments, tout ce qu’elle renfermait fut sauvé. Pendant ce sauvetage, je demandai à Djoumah si son avoir était en lieu sûr : « Qu’il aille au diable, me répondit-il ; sauvons les livres. »

Ce fut l’affaire de vingt minutes. Bombay parut alors et raconta piteusement que son raïfle et son pistolet étaient brûlés ; le vieil endurci n’avait pensé qu’à son propre bagage, et ne l’avait sauvé qu’en s’adjugeant les services des hommes qu’il aurait dû envoyer à notre secours ; personnellement il n’avait rien fait, pas même pour lui.

Les gens d’Alvez profitèrent de l’émotion causée par l’incendie pour commettre de nombreux vols. Aucun objet ne fut restitué, aucun dédommagement ne fut offert ; mais pour quelques-unes de leurs cases qui avaient été détruites, j’eus à payer une note effroyable, où figuraient une foule de choses qui certainement n’avaient jamais existé.

Foumé a Kenna m’envoya le lendemain ses condoléances, et en même temps un ballot d’étoffe pour ceux de mes hommes, qui, en assez grand nombre, avaient perdu tous leurs effets. Quant à son mari, en apprenant le retour de nos gens de Kanyoka, retour qui nous mettait sur notre départ, il se hâta de